Contes de Grimm

Les Contes de fées des frères Grimm, initialement compilés par Jacob et Wilhelm Grimm, sont une collection de contes populaires intemporels qui enchantent les lecteurs depuis des siècles. Ces récits sont un véritable trésor de folklore, présentant des histoires de courage, de magie et de moralité qui résonnent à travers les générations. Des classiques comme « Cendrillon », « Blanche-Neige » et « Hansel et Gretel » aux perles moins connues telles que « Le Pêcheur et sa Femme » et « Rumpelstiltskin », chaque histoire offre un aperçu de la riche tapisserie de la tradition orale européenne. Les Contes de fées des Grimm se caractérisent par leurs personnages vivants, leurs leçons morales et leurs tonalités souvent sombres, reflétant les réalités dures et les éléments fantastiques de leurs contextes historiques. Leur attrait durable réside dans leur capacité à divertir, enseigner et inspirer l’émerveillement, faisant d’eux une pierre angulaire de la littérature pour enfants et une source de fascination pour les chercheurs en folklore et en narration.

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Episodes

Blanche-Rose et Rose-Rouge

Tuesday Aug 13, 2024

Tuesday Aug 13, 2024

Une veuve vivait dans une maison coquette avec ses deux filles qu'elle avait prénommées Blanche-Rose et Rose-Rouge parce qu'elles ressemblaient aux boutons des deux rosiers sauvages, l'un blanc, l'autre rouge, qui croissaient en son jardin.Blanche-Rose et Rose-Rouge étaient des enfants bonnes, sages, travailleuses et vaillantes; elles s'aimaient de tout leur cœur. Quand Blanche-Rose murmurait: " Nous nous aimerons ," Rose-Rouge répondait: " Toute notre vie " et leur mère ajoutait: " Ce que l'une aura, elle le partagera avec l'autre ."
Ensemble, elles allaient au petit bois cueillir des fraises; les animaux de la forêt les connaissaient bien. Le lièvre venait en boule rouler à leurs pieds et grignoter la carotte qu'elles lui avaient apportées. Les cerfs les égayaient de leurs bondissements majestueux et les oiseaux, au faîte des arbres, pépiaient et chantaient à gorge déployée. Quand elles s'attardaient dans la forêt et que la nuit les surprenait, elles couchaient l'une contre l'autre sur la mousse odorante, et s'endormaient jusqu'au matin. Leur mère ne se faisait pas de souci car elle savait qu'elles ne risquaient rien.
Blanche-Rose et Rose-Rouge aimaient tant leur maison qu'elles la soignaient à longueur de journée. A la saison d'été, Rose-Rouge faisait le ménage et déposait tous les matins, avant que sa mère ne se réveillât, un bouquet de roses blanches et de roses rouges. A la saison d'hiver, c'était Blanche-Rose qui entretenait l'âtre où brillait la marmite de cuivre pendue à la crémaillère.
Or, un soir d'hiver:- Blanche-Rose, va mettre le verrou, dit la maman.Puis elles s'assit près de la cheminée, mit ses lunettes et commença un conte. Les fillettes écoutaient en filant. A leurs pieds, un mouton, la tête entre les pattes, se chauffait, et les colombes sur leur perchoir roucoulaient encore un peu avant de mettre la tête sous l'aile.
Tout à coup, on frappa à la porte.- Va vite ouvrir, Rose-Rouge, dit la mère; un homme, peut-être, veut s'abriter.Rose-Rouge tira le verrou, et un gros ours brun passa la tête dans l'entrebâillement de la porte. Rose-Rouge affolée, se jeta derrière le fauteuil de sa mère et Blanche-Rose se cacha derrière le lit. Le mouton était paralysé de terreur, et les colombes voletaient de tous les côtés.- Que craignez-vous? Je ne veux de mal à personne, j'ai surtout si froid ...- Viens, mon pauvre ours, dit la mère. Viens te coucher près du feu. Blanche-Rose et Rose-Rouge, sortez de vos cachettes, petites peureuses.
Les deux fillettes, tranquillisées, s'approchèrent. Le moutons et les colombes aussi ...- Chères enfants, retirez-moi cette neige de ma fourrure.Avec une brosse, elles lissèrent le pelage épais du gros ours brun qui s'étendit devant l'âtre en grognant de plaisir. Ayant perdu toute peur et toute timidité, elles s'amusèrent à l'envi avec leur nouvel ami. Il était lourd et pataud. Elles lui tiraient les poils, enfonçaient leurs petites mains dans la fourrure chaude comme un nid, ou bien, avec une baguette, le taquinaient. De temps en temps, lorsqu'elles allaient un peu trop fort et partaient d'un grand éclat de rire, il grognait:- Blanche-Rose, Rose-Rouge, ne tuez pas votre fiancé.L'heure du coucher sonna à la vieille horloge; les deux enfants s'en allèrent au lit sagement. La man dit à l'ours:- Reste là si tu veux, près du feu. Il fait trop froid dehors.
A l'aurore, il s'en retourna dans les bois d'où il était venu. Les jours qui suivirent, ponctuellement, l'ours revint au logis. Les fillettes ne fermaient plus la porte avant qu'il ne fût revenu se coucher devant l'âtre où il jouait avec elles des heures durant.
Quand le printemps reverdit toutes les plantes, tous les arbres, l'ours dit adieu à ses amies pour aller vivre tout l'été dans la forêt.- Mais pourquoi donc? s'étonna Blanche-Rose.- Pour empêcher que les méchants nains ne volent mon trésor. L'hiver, la terre est gelée, les nains ne peuvent sortir des profondeurs de leurs grottes. Au printemps, le soleil réchauffe et dégèle le sol. Ils vont sortir, venir me piller, et ce qu'ils dérobent, on ne le retrouve jamais.Blanche-Rose et Rose-Rouge se résignèrent à leur chagrin. En passant dans l'ouverture de la porte, l'ours accrocha au loquet un morceau de son pelage. Blanche-Rose crut voir briller sous la peau l'éclat de l'or, mais l'ours s'enfuit ...
Quelques semaines après, tandis que les fillettes allaient ramasser du petit bois dans la forêt, elles rencontrèrent, sur un arbre abattu, un nain tout ridé dont la longue barbe blanche était prise dans une fente. Il sautait de droite et de gauche sans pouvoir se tirer de ce mauvais pas.- Pourquoi me regarder de la sorte? vous feriez mieux de m'aider, lança-t-il aux fillettes.- Que fais-tu là? répliqua Rose-Rouge.- Sotte que tu es! Curieuse! En coupant du bois en très petits morceaux, j'ai coincé ma belle barbe. Me voilà bien pris! Je ne peux plus m'en aller! Cela vous fait rire, visages de cire! Fi donc! Comme vous êtes vilaines!- Je cours chercher de l'aide, s'exclama Rose-Rouge.- Tête de linotte! grogna le nain. N'êtes-vous pas assez grandes pour me tirer de là?- Prenez patience, dit Blanche-Rose en fouillant dans ses poches.Elle exhiba une paire de ciseaux et se mit à couper le bout de la barbe.A peine libéré, le nain prit le sac caché entre les racines de l'arbre et ronchonna:- Qu'elles sont stupides! Avoir coupé ma si belle barbe!Il jeta le sac sur ses épaules et s'en alla sans un mot de remerciement.
A quelque temps de là, les deux fillettes voulurent pêcher des poissons. Elles allaient s'installer près du ruisseau, quand, sur la rive, elles aperçurent, qui sautait dans tous les sens, une sorte de grosse sauterelle. En s'approchant, elles reconnurent le nain. Rose-Rouge, étonnée le questionna:- Veux-tu sauter dans le ruisseau?- Sotte, je ne suis pas si bête. Mais voyez ce poisson de malheur ...Le nain en pêchant avait pris sa barbe dans la ligne; un poisson énorme pris l'hameçon allait entraîner la faible créature qui n'avait pas la force suffisante pour se tirer d'affaire. Il se cramponnait à toutes le tiges, à tous les brins d'osier, mais il ne pouvait plus lutter. Barbe et fil étaient si entremêlés que la seule solution était de couper un peu plus la belle barbe blanche. Libéré, le nain s'écria:- Mes pauvres filles, vous êtes toujours aussi sottes et laides; me voilà dans un bel état!Puis, ramassant un sac de perles fines dissimulé dans les roseaux, il disparut derrière une pierre.
Quelques jours passèrent. La maman eut besoin de fil, d'aiguilles, de dentelles et de rubans; elle envoya ses filles à la ville, chez la mercière. Le chemin qu'elles devaient prendre passait par une clairière semée de rochers. Comme elles l'atteignaient, les fillettes virent dans le ciel un grand oiseau qui tournoyait lentement, dans un long vol plané. Soudain, il s'abattit sur le sol. Elles entendirent un cri de douleur.S'étant approchées, elles reconnurent avec effroi leur vieille rencontre, le nain, qu'un aigle avait saisir dans ses serres et allait emporter. Courageusement, les deux enfants se saisirent d'un bâton et se précipitèrent à son secours. Elles se battirent tant et tant pour arracher le petit homme aux serres de l'oiseau qu'à la fin, elles vainquirent.Tout juste remis de sa peur, le nain glapit:- Vous avez déchiré mon bel habit. Vous êtes toujours aussi sottes et maladroites, et toujours aussi laides, tout juste bonnes pour aller au diable!Chargeant alors sur son dos un sac de pierres précieuses qui se trouvait derrière un gros rocher, il se faufila dans une crevasse ouverte dans le sol.Les fillettes, habituées à cette ingratitude, ne s'émurent pas outre mesure, et continuèrent leur chemin jusqu'à la ville.
Le soir, en revenant, elles prirent le même sentier qu'au matin; elles surprirent le nain en contemplation devant les pierres précieuses qu'il avait vidées de son sac et qui éclataient de mille feux aux lueurs du couchant. Emerveillées, elles s'arrêtèrent:-Vous ne savez que bayer aux corneilles, décidément! jeta le nain, tout rouge. Partez d'ici!Et, tandis qu'il criait sa colère, un grand ours brun sortit pesamment des buissons.Le nain, fou de terreur, fit un saut en arrière en hurlant:- Monsieur l'ours, laissez-moi la vie; je vous donne toutes ces pierres précieuses. Je suis tout petit, si chétif. Voyez ces deux fillettes, grasses comme des oies. Elles feront bien mieux votre affaire.
D'un seul coup de patte, sans autre forme de procès, l'ours supprima le méchant nain pour toujours. Les deux sœurs affolées allaient s'enfuir quand l'ours murmura:- Blanche-Rose, Rose-Rouge, je suis votre ami.Au son de cette voix connue et aimée, les fillettes se retournèrent. Quel étrange spectacle! La peau de l'ours tombait lentement et, sur le pelage qui faisait un tapis, se dressait un bel homme tout d'or vêtu.-Je suis fils de roi, expliqua-t-il. Ce maudit nain m'a jeté un sort en volant mes trésors. J'étais condamné à courir les bois sous la forme d'un ours sauvage jusqu'à ce que sa mort me délivrât. Il a reçu le châtiment qu'il méritait ...
Blanche-Rose épousa le prince et Rose-Rouge, le frère du prince. Ils partagèrent l'immense trésor que le nain avait amassé et vécurent ainsi dans l'opulence. Leur maman devenue vieille, fut invitée à venir vivre au milieu de ses enfants et petits-enfants. On transplanta dans le jardin du palais royal les deux rosiers qui avaient vu grandir les fillettes et ils donnèrent des roses plus belles d'année en année.Cet épisode vous est offert par Podbean.com.

Conte-devinette

Tuesday Aug 13, 2024

Tuesday Aug 13, 2024

Trois femmes avaient été métamorphosées en fleurs et brillaient ainsi dans la campagne. Cependant le charme permettait que l'une d'elles retournât chaque nuit dans sa demeure. Il y avait quelque temps qu'elle subissait cette métamorphose, lorsqu'elle dit à son mari: "L'aurore va paraître, et je devrai te quitter de nouveau pour rejoindre mes compagnes et redevenir, comme elles, fleur des champs; mais si tu arrives aujourd'hui avant midi, et que tu me cueilles, l'enchantement cessera, et je ne le quitterai plus désormais." Vous me demanderez maintenant comment son mari aura pu la reconnaître, puisque toutes les fleurs étaient pareilles?
Je vous répondrai: Son mari la reconnut, parce qu'elle avait passé la nuit à la maison et non dans les champs, et qu'ainsi la rosée, qui était tombée sur les autres, ne se trouva pas sur elle.Cet épisode vous est offert par Podbean.com.

Les petits nœuds

Tuesday Aug 13, 2024

Tuesday Aug 13, 2024

Il était une fois une fille, jolie comme un cœur mais fainéante et désordonnée. Lorsqu'elle se mettait parfois à filer et tombait sur un petit nœud dans la laine, elle arrachait aussitôt toute la touffe et la jetait à terre. Sa servante était une fille travailleuse et ramassait cette laine, la dénouait patiemment et la filait finement pour en tisser une étoffe et en faire une jolie robe.
La fille fainéante avait un jeune fiancé, et leur mariage approchait. La veille des noces, on dansa dans la maison et la fille travailleuse dansa à en perdre haleine. Et la fiancée lança
Tiens donc, comme la servante sait se divertir, dans la robe de ma laine qui lui sied à ravir!
Le fiancé entendit ces paroles et demanda ce qu'elles voulaient dire. La belle lui expliqua que la servante avait tissé l'étoffe de sa robe avec la laine qu'elle- même avait jetée. Dès qu'elle l'eut dit, le marié comprit que sa fiancée était une fainéante. Il la quitta, courtisa la fille travailleuse et l'épousa.Cet épisode vous est offert par Podbean.com.

Le choix d’une femme

Tuesday Aug 13, 2024

Tuesday Aug 13, 2024

Un jeune paysan désirait se marier. Il connaissait trois sœurs également belles, si bien qu'il était embarrassé de savoir sur laquelle des trois il ferait tomber son choix. Il demanda conseil à sa mère, qui lui dit:
- Invite-les toutes les trois à une petite collation, et aie soin de placer du fromage sur la table; puis observe attentivement de quelle manière elles le couperont.
Le jeune homme fit comme sa mère lui avait dit.
La première des trois sœurs enleva son morceau de fromage avec la croûte.
La seconde s'empressa de séparer la croûte de son morceau; mais dans son empressement elle en coupa la croûte, de telle sorte, qu'il y resta encore beaucoup de fromage.
La troisième détacha la croûte avec soin, si bien qu'elle ne rejeta de son morceau ni trop, ni trop peu.
Le jeune paysan raconta à sa mère le résultat de ses observations.
- C'est la troisième qu'il te faut prendre pour femme, lui dit-elle.
Il suivit ce conseil, et fut un mari heureux et content.Cet épisode vous est offert par Podbean.com.

Les ducats tombés du ciel

Tuesday Aug 13, 2024

Tuesday Aug 13, 2024

Il était une fois une petite fille dont le père et la mère étaient morts. Elle était si pauvre qu'elle n'avait ni chambre ni lit pour se coucher; elle ne possédait que les vêtements qu'elle avait sur le corps, et un petit morceau de pain qu'une âme charitable lui avait donné; mais elle était bonne et pieuse. Comme elle était abandonnée de tout le monde, elle se mit en route à la garde du bon Dieu.
Sur son chemin, elle rencontra un pauvre homme qui lui dit: "Hélas! J'ai si grand' faim! Donne-moi un peu à manger." Elle lui présenta son morceau de pain tout entier en lui disant: "Dieu te vienne en aide!" et continua de marcher. Plus loin, elle rencontra un enfant qui pleurait, disant: "J'ai froid à la tête; donne-moi quelque chose pour me couvrir." Elle ôta son bonnet et le lui donna. Plus loin encore elle en vit un autre qui était glacé faute de camisole et elle lui donna la sienne; enfin un dernier lui demanda sa jupe, qu'elle lui donna aussi. La nuit étant venue, elle arriva dans un bois où un autre enfant lui demanda une chemise. La pieuse petite fille pensa: "Il est nuit noire, personne ne me verra, je peux bien donner ma chemise," et elle la donna encore.
Ainsi elle ne possédait plus rien au monde. Mais au même instant les étoiles du ciel se mirent à tomber, et par terre elles se changeaient en beaux ducats reluisants et, quoiqu'elle eût ôté sa chemise, elle en avait une toute neuve, de la toile la plus fine. Elle ramassa les ducats et fut riche pour toute sa vie.Cet épisode vous est offert par Podbean.com.

Le petit pâtre

Tuesday Aug 13, 2024

Tuesday Aug 13, 2024

Un petit pâtre s'était rendu célèbre par la sagesse avec laquelle il répondait aux questions qui lui étaient adressées. Le bruit de sa réputation parvint jusqu'aux oreilles du roi qui n'en voulut rien croire, fit venir le petit garçon, et lui dit:
- Si tu parviens à répondre aux questions que je vais te poser, je te regarderai désormais comme mon fils, et tu habiteras près de moi dans mon palais.
- Sire, quelles sont ces trois questions? demanda le jeune pâtre.
- Voici d'abord la première, reprit le roi: Combien de gouttes d'eau y a-t-il dans la mer?
Le petit pâtre répondit:
- Sire, commencez par faire boucher tous les fleuves et les rivières de la terre, de manière qu'il n'en coule plus une seule goutte d'eau dans la mer jusqu'à ce que j'aie fait mon calcul; alors je vous dirai combien la mer renferme de gouttes.
Le roi reprit:
- Ma seconde question est celle-ci: Combien y a-t-il d'étoiles dans le ciel?
Le petit pâtre répondit:
- Sire, donnez-moi une grande feuille de papier blanc.
Puis le jeune garçon fit avec une plume un si grand nombre de petits points serrés sur toute la surface du papier, et si fins, qu'on les apercevait à peine et qu'il était de toute impossibilité de les compter; rien qu'à vouloir l'essayer, les yeux étaient éblouis. Cette besogne terminée, il dit au roi:
- Il y a autant d'étoiles dans le ciel, que de points sur cette feuille de papier; daignez les compter.
Personne n'y put réussir.
Le roi prenant de nouveau la parole:
- Ma troisième question a pour but de savoir de combien de secondes se compose l'éternité.
Le jeune pâtre répondit:
- Au delà de la Poméranie se trouve la montagne de diamant. Cette montagne a une lieue de hauteur, une lieue de largeur et une lieue de profondeur. Tous les cent ans, un oiseau vient s'y poser, gratte la montagne avec son bec et enlève une parcelle de diamant; quand il aura de la sorte fait disparaître le mont tout entier, la première seconde de l'éternité sera écoulée.
Le roi repartit:
- Tu as répondu comme un sage à mes trois questions; désormais tu resteras près de moi dans mon palais, et je te regarderai comme mon fils.Cet épisode vous est offert par Podbean.com.

Les trois fainéants

Tuesday Aug 13, 2024

Tuesday Aug 13, 2024

Un roi avait trois fils qu'il aimait également, et il ne savait auquel d'entre eux laisser sa couronne. Lorsqu'il se sentit près de mourir, il les fit venir, et leur dit:
- Mes chers enfants, il est temps que je vous fasse connaître ma dernière volonté: j'ai décidé que celui d'entre vous qui serait le plus fainéant, hériterait de mes états.
À ces mots, l'aîné prenant la parole:
- C'est donc à moi, mon père, dit-il, que revient votre sceptre; car je suis tellement fainéant, que, le soir, j'ai beau tomber de fatigue et de sommeil, je n'ai pas le courage de fermer mes yeux pour dormir.
Le cadet dit à son tour:
- C'est donc à moi, mon père, qu'appartient votre couronne, car je suis si fainéant, que lorsque je me trouve assis devant le feu, et que je sens la flamme me brûler les jambes, j'aime mieux les laisser rôtir, que de faire un mouvement pour les retirer.
Le troisième reprit:
- Mon père, personne plus que moi n'a droit à vous succéder, car telle est ma fainéantise que si j'étais condamné à être pendu, que j'eusse déjà la corde autour du cou, et qu'au moment d'être étranglé, que quelqu'un me tendît un couteau pour couper la corde, je préférerais subir mon triste sort plutôt que de me déranger pour prendre ce couteau.
Le roi répondit aussitôt:
- C'est à toi que revient ma couronne.Cet épisode vous est offert par Podbean.com.

Tuesday Aug 13, 2024

Le bon Dieu créa tous les animaux et choisit ensuite les loups pour chiens , mais il avait oublié la chèvre. Et le diable se mit en tête de créer lui aussi, et il créa des chèvres avec de longues queues soyeuses. Lorsqu'elles allaient paître, elles s'accrochaient avec leurs queues aux buissons épineux; le diable en fut si las de les en délivrer qu'il leur arracha la queue à toutes... À présent, le diable les laissait paître en toute liberté mais le bon Dieu voyait les chèvres ravager les riches vignobles. Il fut obligé de lâcher ses loups sur les pâturages. Ils se jetèrent sur le troupeau et déchiquetèrent toutes les chèvres qui s'y trouvaient.Lorsque le diable l'apprit, il alla se plaindre à Dieu:- Tes créatures ont déchiqueté les miennes.- Pourquoi en as-tu créé qui nuisent? objecta Dieu.- Je ne pouvais pas faire autrement, se défendit le diable. C'est dans ma nature de faire du mal; donc tout ce que je crée doit être comme moi. Et ces chèvres, tu vas me les payer!Bien entendu, je te les paierai; reviens quand toutes les feuilles des chênes seront tombées, ton argent est déjà compté.Dès que les feuilles des chênes furent tombées, le diable réclama sa créance. Mais Dieu dit:- Le grand chêne à l'église de Constantinople est encore tout feuillu.Le diable pesta et s'en alla pour chercher le chêne. Il erra six mois et lorsqu'il revint, tous les autres chênes étaient à nouveau recouverts de feuilles vertes. Il comprit qu'il n'aurait jamais son argent. Et, de colère, il creva les yeux de toutes les chèvres qui lui restaient et leur mit ses propres yeux à la place. C'est pourquoi toutes les chèvres ont les yeux du diable et des queues courtes. Et le diable adore prendre leur forme.Cet épisode vous est offert par Podbean.com.

Le fils ingrat

Tuesday Aug 13, 2024

Tuesday Aug 13, 2024

Un jour, un homme était assis devant sa porte avec sa femme; ils avaient devant eux un poulet rôti dont ils s'apprêtaient à se régaler. L'homme vit venir de loin son vieux père; aussitôt il se hâta de cacher son plat pour n'avoir pas à en donner au vieillard. Celui-ci but seulement un coup et s'en retourna. A ce moment, le fils alla chercher le plat pour le remettre sur la table; mais le poulet rôti s'était changé en un gros crapaud qui lui sauta au visage et s'y attacha pour toujours. Quand on essayait de l'enlever, l'horrible bête lançait sur les gens un regard venimeux, comme si elle allait se jeter dessus, si bien que personne n'osait en approcher. Le fils ingrat était condamné à la nourrir, sans quoi elle lui aurait dévoré la tête; et il passa le reste de ses jours à errer misérablement sur la terre.Cet épisode vous est offert par Podbean.com.

Le petit âne

Tuesday Aug 13, 2024

Tuesday Aug 13, 2024

Il était une fois un roi et une reine qui avaient tout ce qu'ils souhaitaient, mais ils n'avaient pas d'enfant. La reine était désespérée, et tous les jours et toutes les nuits elle se lamentait:- « Je suis comme une terre en friche où rien ne germe. »Enfin le ciel exauça ses prières; mais lorsque l'enfant fut né, il ne ressemblait en rien à un homme: c'était un petit âne. Lorsque sa mère le vit, elle se mit à se lamenter de plus belle:- Plutôt qu'un âne comme fils, dit-elle, je préfère ne pas avoir d'enfant du tout. On devrait le jeter à l'eau, pour qu'il se fasse dévorer par les poissons.Mais le roi ne fut pas d'accord et dit:- Le bon Dieu nous l'a donné, il sera donc mon fils et mon héritier et après ma mort c'est lui qui s'assiéra sur le trône et portera la couronne royale.Ils éduquaient donc le petit âne de leur mieux, et celui-ci grandissait bien. Il se réjouissait de la vie, s'amusait, jouait, mais par-dessus tout il aimait la musique. Aussi s'en alla-t-il trouver un célèbre musicien et lui demanda:- Apprends-moi ton art. Que je sache jouer du luth aussi bien que toi.- Pauvre petit, soupira le musicien. Vos doigts ne sont pas faits pour jouer du luth; ils sont même trop grands, je crains que les cordes ne tiennent pas.Mais il pouvait toujours dire tout ce qu'il voulait, le petit âne avait décidé de jouer du luth et ne céda pas. Et il finit par y arriver. Il était si assidu et si appliqué qu'il avait appris à jouer aussi bien que son maître.Un jour, le petit âne se promenait et il arriva jusqu'à un puits. Là, il vit sa tête d'âne se refléter sur la surface de l'eau. Il fut si attristé par ce qu'il venait de voir qu'il s'en alla dans le monde; il ne prit avec lui que son compagnon fidèle. Ils avaient marché par monts et par vaux, lorsqu'ils arrivèrent dans un royaume où régnait un vieux roi. Il n'avait qu'une fille, mais elle était très belle. - Nous resterons un peu par ici, décida le petit âne.Il frappa à la porte du château et cria:- Un hôte est devant votre porte; ouvrez pour qu'il puisse entrer!Comme la porte ne s'ouvrait pas, le petit âne s'assit, prit son luth, et avec ses pattes avant, il joua merveilleusement.Le portier, chargé de surveillance, écarquilla les yeux et courut annoncer au roi:- Dehors, devant la porte du château, il y a un petit âne et il joue du luth comme un grand maître.- Faites-le donc venir, demanda le roi.Dès que le petit âne entra avec son luth dans la grande salle, tout le monde se moqua de lui. Puis ils lui recommandèrent d'aller en bas, chez les gens de service, de s'y asseoir et d'y manger. Mais le petit âne protesta:- Je ne sors pas d'une vulgaire étable, je descends d'une famille noble!- Si tu es si noble, lui dirent-ils, va t'asseoir avec les soldats.- Non, refusa le petit âne, je veux m'asseoir avec le roi.Le roi rit, et comme il était de bonne humeur, il acquiesça.- Entendu, petit âne, comme tu veux: viens ici, près de moi.Ensuite il lui demanda:- Et comment trouves-tu ma fille, petit âne?Le petit âne tourna la tête vers la princesse, la regarda de la tête aux pieds et dit:- Elle me plaît beaucoup, je n'ai jamais vu de fille plus belle.- Va donc t'asseoir près d'elle, dit le roi.- Volontiers, se réjouit le petit âne.Et il alla s'asseoir près de la princesse. Puis il mangea et but avec de très belles manières, très proprement.Le noble petit âne resta un temps à la cour du roi. « Il n'y a rien à faire, se dit-il un jour, il faut que tu rentres à la maison. » Triste et la tête baissée, il se présenta devant le roi et lui demanda l'autorisation de partir. Or, le roi s'était habitué à lui et l'appréciait énormément. Il se mit donc à le questionner:- Qu'est-ce que tu as, petit âne? Tu as l'air si triste! Reste chez moi, je te donnerai tout ce que tu veux. Veux-tu de l'or?- Non, fit le petit âne en secouant la tête.- Veux-tu des bijoux, des objets rares?- Non, merci.- Veux-tu la moitié de mon royaume?- Non, non.- Si je savais ce qui pourrait te faire plaisir, soupira le roi. Veux-tu la main de ma gracieuse fille?- Oh, oui, acquiesça le petit âne, elle, je la voudrais vraiment.Et tout à coup il fut plus gai, sa bonne humeur revint, car c'était précisément ce qu'il souhaitait le plus. Et on donna alors un magnifique banquet de noces. Le soir, avant que les mariés n'aient été accompagnés à leur chambre à coucher, le roi, voulant s'assurer que le petit âne continuerait à se conduire avec toujours autant de belles manières, ordonna à son valet de se cacher dans leur chambre.Les nouveaux mariés entrèrent dans leur chambre à coucher. Le marié ferma le verrou puis, croyant qu'ils étaient seuls, il ôta subitement sa peau d'âne. Il apparut devant la mariée comme un beau et jeune prince.- Tu sais maintenant qui je suis, dit-il, et tu vois aussi que je ne suis pas indigne de toi.L'heureuse mariée l'embrassa et en tomba éperdument amoureuse.Or, dès l'aube le jeune homme revêtit sa peau d'âne. Personne ne pouvait soupçonner ce que la peau cachait! Et bientôt, le vieux roi arriva.- Tiens donc, le petit âne est déjà debout! s'écria-t-il. Tu es sans doute triste, se tourna-t-il vers sa fille, de n'avoir pu épouser un vrai jeune homme?- Pas du tout, père, je l'aime tant que pour moi il est le plus beau du monde; de toute ma vie, je ne veux que lui.Le roi fut surpris, mais son valet accourut et lui raconta tout.- Ce n'est tout de même pas possible! s'étonna le roi.- Restez donc cette nuit dans leur chambre, vous verrez tout de vos propres yeux, lui conseilla le valet. Et j'ai encore une autre idée. Prenez-lui sa peau et jetez-la dans le feu. Il ne lui restera plus qu'à se montrer sous sa véritable apparence.- Très bonne idée, dit le roi.Le soir, lorsque les jeunes mariés dormaient, il se glissa comme une ombre dans leur chambre à coucher, il s'approcha du lit et au clair de lune il aperçut un beau jeune homme dormant paisiblement. La peau d'âne ôtée était par terre. Le roi l'emporta et fit allumer dehors un grand feu, puis il y fit jeter la peau. Et il veilla personnellement à ce qu'elle fût réduite en cendres. Et comme il voulait savoir comment le petit âne volé allait réagir, il resta éveillé toute la nuit.À l'aube, dès qu'il se réveilla, le jeune homme se leva et voulut se glisser à nouveau dans sa peau d'âne; mais il la chercha en vain. Il en fut horrifié et il 'écria avec une voix pleine d'épouvante:- Il ne me reste plus qu'à fuir!Il sortit de la chambre, mais le roi l'y attendait.- Où vas-tu, cher fils, l'interpella-t-il. Que veux-tu faire? Reste ici: tu es un beau jeune homme et je ne te laisserai pas partir. Je te donnerai tout de suite la moitié de mon royaume et, après ma mort, tu seras le maître du pays tout entier.- Pourvu que ce bon début présage une bonne fin, dit le jeune homme.Le vieux roi lui donna la moitié du royaume, et quand il mourut l'année suivante, le jeune roi devint le maître du pays tout entier. Et après la mort de son propre père, il hérita également du royaume natal. Il vécut ainsi majestueusement.Cet épisode vous est offert par Podbean.com.

Partir en voyage

Tuesday Aug 13, 2024

Tuesday Aug 13, 2024

Il était une fois une pauvre femme dont le fils n'avait qu'une idée en tête: voyager. "Mais comment le pourrais-tu?" disait sa mère. "Il te faudrait avoir de l'argent et tu sais bien que nous n'en avons pas!" - "Je vais me débrouiller," pensa le fils, "je serai honnête et partout je dirai: pas beaucoup, pas beaucoup, pas beaucoup."
Et pendant un certain temps, il se promenait en répétant sans arrêt: "Pas beaucoup, pas beaucoup, pas beaucoup." Il arriva ainsi vers un groupe de pêcheurs et les salua: "Que Dieu vous garde! Pas beaucoup, pas beaucoup, pas beaucoup." - "Qu'est-ce que tu racontes, chenapan, pourquoi 'pas beaucoup'?" se fâchèrent les pêcheurs. Et quand ils sortirent les filets, quelques poissons seulement y frétillaient, vraiment pas beaucoup. Ils chassèrent le jeune homme avec leurs bâtons. "Tiens! Et tiens! Tu l'as bien mérité!" crièrent-ils. "Que dois-je dire alors?" demanda le jeune homme. "Bonne pêche, tu devais dire, attrapez-en le plus possible!"
Et le jeune homme continua son voyage en répétant sans arrêt: "Bonne pêche, attrapez-en le plus possible," jusqu'à ce qu'il arrive à une potence. On était juste en train de pendre un malheureux pêcheur. "Bonjour," commença le jeune homme, "bonne pêche, attrapez-en le plus possible." - "Comment? Quel goujat! Que veux-tu dire par ton: 'attrapez-en le plus possible'? Tu ne crois pas qu'il y en a assez comme ça? Selon toi il devrait y en avoir encore plus peut-être?" Et il se fit rosser à nouveau. "Comment devrais-je dire alors?" demanda le jeune homme. "Tu dois dire: 'Que Dieu soit miséricordieux avec cette pauvre âme.'"
Le jeune homme se remit à marcher et répéta partout où il allait: "Que Dieu soit miséricordieux avec cette pauvre âme." Il arriva au bord d'un fossé où il vit un équarrisseur qui s'apprêtait à supprimer un cheval. "Bonne journée," dit le garçon en se précipitant vers lui, "que Dieu soit miséricordieux avec cette pauvre âme!" - "Qu'est-ce qui te prend, chenapan!" s'écria l'homme. Et il frappa le garçon sur la tête avec ses outils si fort que ce dernier n'entendait plus et ne voyait plus. "Qu'aurais-je dû vous dire alors?" - "Dans le fossé, charogne; dans le fossé, charogne!"
Juste à cet instant un coche plein de monde arrivait par la route et le jeune homme cria: "À la vôtre! Dans le fossé, charogne!" Et le coche quitta la route et se renversa dans le fossé. Le cocher leva son fouet et frappa le jeune homme si fort que ce dernier put à peine marcher. C'est de bon gré qu'il rentra à la maison, auprès de sa mère, et ne mit plus jamais les pieds hors de chez lui. Il avait abandonné pour toujours l'idée de voyager.Cet épisode vous est offert par Podbean.com.

La maisonnée

Tuesday Aug 13, 2024

Tuesday Aug 13, 2024

- Toi, où tu vas? - Moi? Mais à Walpe. - Tu vas à Walpe, je vais à Walpe, alors ça va, on y va donc ensemble.
- Es-tu mariée aussi? Comment s'appelle ton mari? - Henri, c'est mon mari. - Ton mari c'est Henri, mon mari c'est Henri, tu vas à Walpe, je vais à Walpe, alors ça va, on y va ensemble.
- Et tu as un enfant aussi? Comment s'appelle ton petit? Mon petit? Bris. - Ton petit, Bris; mon petit, Bris; ton mari c'est Henri, mon mari c'est Henri; tu vas à Walpe, je vais à Walpe, alors ça va, on y va donc ensemble.
- Un berceau, t'en as un? Comment s'appelle ton berceau? Hippoleau. - Hippoleau ton berceau, Hippoleau mon berceau; ton petit Bris, mon petit Bris, et ton mari Henri et mon mari Henri; tu vas à Walpe, je vais à Walpe, alors ça va, on y va donc ensemble.
Et un valet? Comment s'appelle ton valet? - Son nom c'est Bienlefait - Bienlefait ton valet, Bienlefait mon valet; Hippoleau ton berceau, mon berceau Hippoleau; ton petit Bris, moin petit Bris, et ton mari Henri et Henri mon mari, tu vas à Walpe, je vais à Walpe, alors ça va, on y va donc ensemble jusque-là.Cet épisode vous est offert par Podbean.com.

La demoiselle de Brakel

Tuesday Aug 13, 2024

Tuesday Aug 13, 2024

Une demoiselle de Brakel alla un jour à la chapelle de Sainte-Anne, au-dessous d'Hunenbourg. Et comme elle désirait beaucoup trouver un mari, se croyant seule dans la chapelle, elle se mit à chanter:O sainte Anne bénie,rouvez-moi un mari!Vous le connaissez, oui:Il est blond, il habiteA Suttmer, près d'ici.Vous le connaissez, oui!
Le sacristain, qui se trouvait derrière l'autel, entendit cette chansonnette et se mit à crier, en se faisant une toute petite voix de tête très pointue: « Tu l'auras pas! Tu l'auras pas! » La demoiselle eut dans l'idée que c'était le petit Enfant Jésus, tout près d'elle dans les bras de la Sainte Vierge, qui lui avait crié cela, et elle lui rétorqua, furieuse: « Taratata, petit benêt, tu ferais mieux de boucler ton museau et de laisser parler la mère! »Cet épisode vous est offert par Podbean.com.

Knoist et ses trois fils

Tuesday Aug 13, 2024

Tuesday Aug 13, 2024

A mi distance entre Ouerle et Souste demeurait un homme appelé Knoist, qui avait trois fils: le premier était aveugle, le second paralytique et le troisième nu comme ver. Un jour qu'ils se promenaient à travers champs, ils aperçurent un lièvre que l'aveugle tira, que le paralytique ramassa et que le nu comme un ver mis dans sa poche. Ils arrivèrent ensuite sur la rive d'un fleuve large et puissant, et il y avait là trois barques: l'une était à jour, l'autre coulée et la troisième sans fond. Ils montèrent tous trois dans la barque sans fond. Ils arrivèrent ensuite à une vaste et immense forêt, et dedans il y avait un arbre vaste et immense, et dans l'arbre il y avait une chapelle vaste et immense, et dans la chapelle il y avait un sacristain en bois de charme et d'un curé en bois de buis, qui distribuaient l'eau bénite avec de gros gourdins.
Bienheureux celui quiPeut se soustraire à l'eau bénite!
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Tuesday Aug 13, 2024

Une pauvre paysanne s'en alla dans les champs pour couper le fourrage. Elle y alla avec ses filles - sa propre fille et sa belle-fille. Soudain, Dieu se présenta devant elles sous l'apparence d'un homme pauvre et demanda:- Pouvez-vous m'indiquer le chemin pour aller au village?- Il faudra le trouver vous-même, rétorqua la mère.Et la fille renchérit:- Quand on a peur de s'égarer, on part accompagné.Mais la belle-fille proposa:- Venez, brave homme, je vous guiderai.Dieu se fâcha contre la mère et la fille, se détourna d'elles, et les fit devenir noires comme la nuit et laides comme le péché. La belle-fille en revanche entra dans ses bonnes grâces; il se laissa accompagner et lorsqu'ils s'approchèrent du village, il la bénit et dit:- Prononce trois voues, ils seront exaucés.- Je désire être belle et pure comme le soleil, dit la jeune fille.Et immédiatement, elle devint blanche et belle comme une journée de soleil.- Ensuite, je voudrais une bourse pleine d'écus qui ne désemplirait jamais.Dieu la lui donna mais il ajouta:- N'oublie pas le meilleur.La jeune fille dit alors:- Mon troisième voue est la joie éternelle après ma mort.Dieu l'en assura et se sépara d'elle.La mère et sa fille rentrèrent à la maison et constatèrent qu'elles étaient toutes les deux laides et noires comme le charbon, tandis que la belle-fille était belle et immaculée. Une plus grande cruauté s'empara alors de leurs cœurs et elles n'eurent plus qu'une idée en tête: lui faire du mal. Or, l'orpheline avait un frère qui s'appelait Régis. Elle l'aimait par-dessus tout. Un jour, Régis lui dit:- Ma petite sœur, j'ai envie de dessiner ton portrait pour t'avoir toujours à mes côtés. je t'aime tant que Je voudrais pouvoir te contempler à tout instant.- Ne montre surtout jamais mon portrait à personne, exigea sa sœur.Le frère accrocha le tableau, très fidèle à l'original, dans la pièce qu'il habitait au château, car il était le cocher du roi. Tous les jours il regardait le portrait et remerciait Dieu du bonheur qu'il avait donné à sa sœur.Le roi que Régis servait venait de perdre son épouse.Les serviteurs à la cour avaient remarqué que le cocher s'arrêtait tous les jours devant le magnifique tableau et, jaloux et envieux, ils le rapportèrent au roi. Ce dernier ordonna alors qu'on lui apporte le tableau et, dès qu'il le vit, il put constater que la jeune fille du portrait ressemblait incroyablement à son épouse défunte, et qu'elle était même encore plus gracieuse; il en tomba amoureux. Il fit appeler le cocher et lui demanda qui était la personne sur le tableau.- C'est ma sœur, répondit Régis.- C'est elle, la seule et unique que je veux épouser, décida le roi. Il donna au cocher une superbe robe brodée d'or, un cheval et un carrosse, et il lui demanda de lui ramener l'heureuse élue de son cœur.Lorsque Régis arriva avec le carrosse, sa sœur écouta avec joie le message du roi. Mais sa belle-mère et sa belle-sœur furent terriblement jalouses du bonheur de l'orpheline et, de dépit, faillirent devenir encore plus noires.- À quoi sert toute votre magie, reprocha la fille à sa mère, puisque vous êtes incapable de me procurer un tel bonheur!- Attends un peu, la rassura sa mère, je tournerai ce bonheur en ta faveur.Et elle se eut recours à la magie: elle voila les yeux du cocher de manière qu'il ne vît plus qu'à moitié; quant à la mariée blanche, elle la rendit à moitié sourde. Tous ensemble montèrent ensuite dans le carrosse: d'abord la mariée dans sa belle robe royale, et derrière elle sa belle-mère et sa belle-sœur; Régis monta sur le siège de cocher et ils se mirent en route.Peu de temps après Régis appela:
Voile ton beau visage, ma petite sœur, gare à tes jolies joues, car le ciel pleure: Empêche le vent fort de te décoiffer, que bientôt le roi admire ta grande beauté!
- Que dit-il, mon petit frère? demanda la mariée.- Il dit seulement que tu dois enlever ta robe dorée et la donner à ta sœur, répondit la marâtre.La jeune fille ôta la robe, sa sœur noire se glissa à l'intérieur, et donna à la mariée sa chemise grise en toile grossière.Ils poursuivirent leur route, puis le cocher appela à nouveau:
Voile ton beau visage, ma petite sœur, gare à tes jolies joues, car le ciel pleure; Empêche le vent fort de te décoiffer, que bientôt le roi admire ta grande beauté!
- Qu'est-ce qu'il dit, mon petit frère? demanda la jeune fille.- Il dit seulement que tu dois ôter ton chapeau doré de ta tête et le donner à ta sœur.La jeune fille ôta son chapeau doré, en coiffa la tête de sa sœur et poursuivit le voyage tête nue. Peu de temps après, Régis appela de nouveau:
Voile ton beau visage, ma petite sœur, gare à tes jolies joues, car le ciel pleure; Empêche le vent fort de te décoiffer, que bientôt le roi admire ta grande beauté!
-Que dit-il, mon petit frère? demanda la mariée pour la troisième fois.- Il dit seulement que tu dois regarder un peu le paysage.Ils étaient justement en train de passer sur un pont franchissant des eaux profondes. Et dès que la mariée se leva et se pencha par la fenêtre du carrosse, sa belle-mère et sa belle-fille la poussèrent si fort qu'elle tomba dans la rivière. L'eau se referma sur elle; à cet instant apparut à la surface d'eau une petite cane d'une blancheur immaculée qui flottait en suivant le courant.Le frère sur le siège du cocher n'avait rien remarqué; il continuait à foncer avec le carrosse jusqu'à la cour du roi. Son regard était voilé mais percevant l'éclat de la robe dorée il était de bonne foi lorsqu'il conduisit devant le roi la fille noire à la place de sa sœur. Lorsque le roi vit la prétendue mariée et son inénarrable laideur, il devint fou furieux et ordonna de jeter le cocher dans une fosse pleine de serpents.Pendant ce temps, la vieille sorcière réussit à ensorceler le roi et à l'aveugler à tel point qu'il ne les chassa pas, ni elle, ni sa fille; et mieux encore: elle l'envoûta si bien que le roi finit par trouver la mariée noire plutôt acceptable et il l'épousa.Un soir, tandis que l'épouse noire était assise sur les genoux du roi, arriva dans les cuisines du château, par le conduit de l'évier une petite cane blanche qui parla ainsi au jeune marmiton:
Allume le feu, jeune apprenti,Un court instant, sans doute, suffitPour faire sécher mes plumes flétries.
Le garçon obéit et alluma le feu; la petite cane s'approcha, secoua ses plumes et les lissa avec son petit bec. Un peu ragaillardie, elle demanda:- Que fait mon frère Régis?Le marmiton répondit:
Parmi les serpents, dans une fosse,Sa prison semble plus qu'atroce.
Et la petite cane demanda:Que fait la sorcière noire?Le garçon répondit:
Elle tremble de joieDans les bras du roi.
Et la petite cane soupira:
Mon Dieu, sois à mes côtésFace à toute adversité!
et elle s'en alla par où elle était venue.Le lendemain soir elle revint et elle reposa les mêmes questions et le troisième soir également. Le jeune marmiton eut pitié d'elle et décida d'aller voir le roi pour tout lui raconter. Le roi, voulant voir de ses propres yeux ce qui se passait, se rendit le soir à la cuisine et dès que la petite cane sortit la tête de l'évier, il brandit son épée et lui transperça la gorge.Et tout à coup, la petite cane se transforma - et devant le roi apparut une fille d'une beauté indescriptible ressemblant comme deux gouttes d'eau à la belle du tableau de Régis. Le visage du roi s'illumina de joie et comme la jeune fille était toute mouillée, il fit immédiatement apporter une robe magnifique et ordonna qu'on l'en vêtit.La Jeune fille lui raconta ensuite comment elle se fit abuser par sa belle-mère et sa belle-sœur et comment celles-ci l'avaient poussée à l'eau. Mais en premier lieu elle pria le roi de faire sortir son frère de la fosse aux serpents. Le roi exauça son voue et se dirigea ensuite vers la chambre de la vieille sorcière. Il lui raconta l'histoire telle qu'elle s'était passée et à la fin lui demanda:- Que mérite la femme qui a commis de telles abominations?La sorcière, dans son aveuglement, n'avait pas compris de qui il était question et répondit:- Elle mérite d'être enfermée toute nue dans un fût garni de clous pointus et que l'on attache ce fût à un attelage et que cet attelage soit lancé à toute allure.Et c'est ainsi qu'on les traita, elle et sa fille noire.Le roi épousa sa belle mariée blanche et récompensa le fidèle Régis: il en fit l'homme le plus riche et le plus estimé de son royaume.Cet épisode vous est offert par Podbean.com.

Les souliers usés au bal

Tuesday Aug 13, 2024

Tuesday Aug 13, 2024

Le roi avait douze filles, plus belles les unes que les autres. Elles dormaient ensemble dans une vaste pièce, leurs lits étaient alignés côte à côte, et chaque soir, dès qu'elles étaient couchées, le roi refermait la porte et poussait le verrou. Or, le roi constatait tous les matins, après avoir ouvert la porte, que les princesses avaient des souliers usés par la danse. Personne n'était capable d'élucider le mystère. Le roi proclama alors que celui qui trouverait où dansaient les princesses toutes les nuits, pourrait choisir une de ses filles pour épouse et deviendrait roi après sa mort. Mais le prétendant qui, au bout de trois jours et trois nuits, n'aurait rien découvert, aurait la tête coupée.Bientôt, un prince, voulant tenter sa chance, se présenta. il fut très bien accueilli, et le soir on l'accompagna dans la chambre contiguë à la chambre à coucher des filles royales. On lui prépara son lit et le prince n'avait plus qu'à surveiller les filles pour découvrir où elles allaient danser; et pour qu'elles ne puissent rien faire en cachette, la porte de la chambre à coucher resta ouverte.Mais les paupières du prince s'alourdirent tout à coup et il s'endormit. Lorsqu'il se réveilla le matin, il ne put que constater que les princesses avaient été au bal et avaient dansé toutes les douze: leurs souliers rangés sous leurs lits étaient complètement usés. Les deuxième et troisième soirs il n'en fut pas autrement et le lendemain, le prince eut la tête coupée.Par la suite, de nombreux garçons encore avaient visité le palais, mais tous payèrent leur courage de leur vie. Puis, un jour, un soldat pauvre et blessé qui ne pouvait plus servir dans l'armée, marcha vers la ville où siégeait le roi. Sur son chemin, il rencontra une vieille femme qui lui demanda où il allait.- Je ne sais pas bien moi-même, répondit le soldat, et il ajouta en plaisantant:J'aurais bien envie de découvrir où toutes ces princesses dansent toutes les nuits!- Ce n'est pas si difficile, dit la vieille femme, il faudrait que tu ne boives pas le vin qu'ils vont te servir et que tu fasses semblant de dormir d'un sommeil de plomb.Puis, elle lui tendit une cape en disant:- Si tu mets cette cape, tu deviendras invisible et tu pourras ainsi épier les douze danseuses.Fort de ces bons conseils, le soldat se mit sérieusement à envisager d'aller au palais. Il prit son courage à deux mains, se présenta devant le roi et se déclara prêt à relever le défi. Il fut accueilli avec autant de soins que ses prédécesseurs et fut même revêtu d'un habit princier. Le soir venu, tout le monde se prépara à aller se coucher et le soldat fut amené dans l'antichambre des filles royales. Avant qu'il ne se couche, la princesse aînée entra, lui apportant une coupe de vin. Or, le soldat avait auparavant attaché sous son menton un petit tuyau; il laissa le vin couler à l'intérieur et n'en avala donc pas une goutte. Il se coucha, puis il attendit un peu avant de se mettre à ronfler comme s'il dormait profondément.Dès que les princesses l'entendirent, elles se mirent à rire et l'aînée dit:- Quel dommage de risquer sa vie ainsi!Elles se levèrent, ouvrirent les armoires, en sortirent des robes superbes et commencèrent à se faire belles devant la glace; elles sautillaient, se réjouissant par avance de la soirée qui les attendait. Mais la plus jeune s'inquiéta:- Vous vous réjouissez, mais moi j'ai comme un pressentiment. Un malheur nous attend.- Ne sois pas bête, dit l'aînée, balayant ses soucis, tu es toujours inquiète. As-tu déjà oublié combien de princes nous ont déjà surveillées en vain? Et le soldat à côté n'a même pas eu besoin de la potion pour s'endormir. Ce pauvre bougre ne se réveillera pas quoiqu'il arrive.Néanmoins, lorsque les douze princesses eurent fini de s'habiller, elles allèrent jeter un coup d'œil sur le soldat. Il avait les yeux fermés, respirait régulièrement et ne bougeait pas; elles en conclurent qu'il n'y avait n'en à craindre. L'aînée s'approcha de son lit et frappa. Le lit s'effaça aussitôt pour laisser place à un escalier qui s'enfonçait sous la terre et les sœurs descendirent par ce passage. L'aînée ouvrait la marche, les autres la suivaient, l'une après l'autre. Le soldat avait tout vu et n'hésita pas longtemps: il jeta la cape sur ses épaules et se mit à descendre derrière la benjamine. Au milieu de l'escalier, il marcha un peu sur sa jupe; la princesse eut peur et s'écria:- Qu'est-ce que c'est? Qui est-ce qui tient ma robe?- Que tu es bête! la fit taire l'aînée, tu as dû juste t'accrocher à un clou.Elles descendirent tout en bas pour se retrouver dans une allée merveilleuse. Les feuilles des arbres y étaient en argent, elles brillaient et scintillaient.- Il faut que je garde une preuve, décida le soldat.Il cassa une petite branche, mais l'arbre craqua très fort.- Il se passe quelque chose s'écria, anxieuse, la plus jeune princesse. Avez-vous entendu ce bruit?Mais l'aînée la calma:- Ce sont des coups de canon. Nos princes se réjouissent que nous allions bientôt les délivrer.Elles avancèrent dans une autre allée où les feuilles étaient en or, et finalement elles entrèrent dans une allée où sur les arbres de vrais diamants étincelaient. Le soldat arracha une petite branche dans l'allée d'or et dans celle aux diamants et à chaque fois un craquement retentit. La plus jeune des princesses avait peur et sursautait à chaque fois; mais l'aînée persistait à dire qu'il s'agissait bien des coups de canon en leur honneur.Elles continuèrent leur chemin lorsqu'elles arrivèrent à un lac; près de la rive voguaient douze barques et dans chacune d'elles se tenait un très beau prince. Les douze princes attendaient leurs douze princesses. Chacun en prit une dans sa barque. Le soldat s'assit près de la plus jeune.- Je ne comprends pas, s'étonna le prince, la barque me semble aujourd'hui plus lourde que d'habitude. je dois ramer de toutes mes forces pour avancer.- Ça doit être la chaleur ou l'orage, estima la petite princesse, je me sens moi aussi toute moite.Sur l'autre rive brillait un palais magnifique, tout illuminé, et une musique très gaie s'en échappait. Le roulement des tambours et le son des trompettes résonnaient à la surface de l'eau. Les princes et les princesses accostèrent et entrèrent dans le palais, puis chaque prince invita la princesse de son choix à danser. Le soldat, toujours invisible, dansa avec eux, et chaque fois qu'une princesse prenait une coupe dans la main, il buvait le vin qu'elle contenait avant que la princesse ne pût approcher la coupe de ses lèvres. La plus jeune princesse en était toute retournée mais l'aînée était toujours là pour la rassurer.Ils dansèrent toute la nuit, jusqu'à trois heures du matin; à ce moment les semelles des souliers des princesses étaient déjà usées et elles durent s'arrêter. Les princes les ramenèrent sur l'autre rive, le soldat s'étant cette fois-ci assis à côté de l'aînée. Les princesses firent leurs adieux aux princes et promirent de revenir. Le soldat les devança en montant les marches, sauta dans son lit et lorsque les douze princesses fatiguées arrivèrent en haut à petits pas, dans la chambre un ronflement très fort résonnait déjà.Les princesses l'ayant entendu, se dirent:- Avec celui-là, il n'y a rien à craindre.Et elles se déshabillèrent, rangèrent leurs belles robes dans les armoires, leurs souliers usés sous les lits et elles se couchèrent.Le lendemain matin, le soldat décida de ne rien dire. Il avait envie d'aller au moins une fois encore avec elles pour être témoin de leurs étonnantes réjouissances. Il suivit donc les princesses la deuxième et la troisième nuit et tout se passa exactement comme la première fois; les princesses dansèrent jusqu'à ce que leurs souliers soient usés jusqu'à la corde. La troisième nuit, le soldat emporta une coupe comme preuve.Vint l'instant où le soldat dut donner la réponse au roi. Il mit dans sa poche les trois petites branches ainsi que la coupe, et il se présenta devant le trône. Les douze princesses se tenaient derrière la porte pour écouter ce qu'il allait dire.Le roi demanda d'emblée:- Où mes douze filles dansent-elles pour user tant leurs souliers?- Dans un palais qui est sous terre, répondit le soldat. Elles y dansent avec douze princes.Et il se mit à raconter comment tout cela se passait; et il montra les preuves. Le roi appela ses filles et leur demanda si le soldat avait dit la vérité. Les princesses, voyant que leur secret était découvert et qu'il ne servait à rien de nier, durent, bon gré mal gré, reconnaître les faits.Lorsqu'elles avouèrent, le roi demanda au soldat laquelle des douze princesses il souhaitait épouser.- Je ne suis plus un jeune homme, dit le soldat, donnez-moi votre fille aînée.Les noces eurent lieu le jour même et le roi promit au soldat qu'après sa mort il deviendrait roi. Et les princes sous la terre furent à nouveau ensorcelés jusqu'à ce que se soient écoulées autant de nuits qu'ils en avaient passé à danser avec les princesses.Cet épisode vous est offert par Podbean.com.

Tuesday Aug 13, 2024

Il était une fois une femme qui avait trois filles. L'aînée s'appelait Un-œil parce qu'elle n'avait qu'un œil unique au milieu du front, et la seconde s'appelait Deux-yeux parce qu'elle avait ses deux yeux comme tout le monde, tandis que cadette se nommait Trois-yeux parce qu'elle avait trois yeux, ayant elle aussi un oeil au milieu du front, telle sa aînée. Mais comme Deux-yeux n'était pas faite autrement que les autres gens, ni ses sœurs ni sa mère ne pouvaient la souffrir. « Toi, avec tes deux yeux, lui disaient­-elles, tu ressembles à tout le monde et tu n'es pas des nôtres! » Elles ne faisaient que de la malmener et maltraiter, la bousculaient et la chassaient toujours dans les coins, ne lui laissaient que de vieilles frusques pour s'habiller, ne lui donnaient que leurs restes à manger, et encore juste de quoi ne pas mourir de faim. Bref, c'était leur souffre-douleur.
Or, il advint qu'un jour, comme Deux-yeux s'en était allée garder la chèvre dans les prés, la faim dont elle souffrait la fit pleurer, parce qu'une fois de plus ses deux sœurs ne lui avaient donné que trop peu. Assise dans l'herbe, la pauvre pleura et pleura tellement qu'elle avait deux petits ruisseaux qui lui coulaient sur les joues. Mais quand elle leva les yeux pour implorer le ciel dans sa détresse, elle vit devant elle une dame qui lui demanda:- Deux-yeux, pourquoi pleures-tu?- Comment pourrais-je ne pas pleurer? lui répondit Deux-yeux. Sous prétexte que j'ai deux yeux comme tout le monde, mes deux sœurs et ma mère ne peuvent pas me souffrir et me font toutes les misères; elles me chassent de partout, m'habillent de loques et ne me donnent pas assez à manger: je n'ai jamais que leurs restes, et aujourd'hui il y avait si peu que la faim me tenaille sans cesse.- Allons, sèche tes larmes, Deux-yeux! lui dit la fée, et écoute moi-bien. Tu ne connaîtras plus jamais la faim. Tu n'as qu'à dire:Méhéhé la Biquette,Petite table prête!et tu auras devant toi la table mise proprement, avec la nappe blanche et le couvert, et les plats finement servis, dont tu pourras manger autant que ton envie. Et après, lorsque tu te seras bien régalée et que tu n'en auras plus besoin, tu diras:Méhéhé la Biquette,Petite table arrête!et aussitôt elle aura disparu sous tes yeux.Ces paroles dites, la fée était partie. Alors Deux-yeux se dit qu'elle allait essayer tout de suite si c'était bien vrai, puisqu'elle avait si grand­faimMéhéhé la Biquette,Petite table prête!Mais oui, presque en même temps que les paroles, la petite table se trouvait là avec sa nappe blanche, l'assiette, le couteau, la fourchette et une cuillère d'argent; et les plats succulents et fumants attendaient devant elle et sentaient bon: on eût dit qu'ils arrivaient tout droit de la cuisine. « Mon Dieu, soyez notre hôte en tous les temps! Amen. »Telle était la prière que Deux-yeux s'était empressée de dire, parce que c'était la plus courte qu'elle savait. Puis elle se servit et se régala de tout son cœur. Après, quand elle eut bien mangé de tout et se sentit complètement satisfaite, elle dit ce que la fée lui avait enseigné:Méhéhé la Biquette,Petite table arrête!La table, avec tout ce qu'il y avait dessus, s'évanouit et disparut à l'instant même. « Le service est fameux! » se dit Deux-yeux, tout heureuse et rassérénée. Et le soir, quand elle rentra avec la chèvre et trouva son écuelle de terre avec les restes que lui avaient laissés ses sœurs, elle n'y toucha point, pas plus qu'elle ne toucha aux rares bribes qui lui étaient destinées, le lendemain, quand elle repartit avec la chèvre. Une fois, deux fois, cela passa, et les sœurs ne s'en aperçurent même pas. Mais comme la chose se répétait sans cesse, elles s'en firent la remarque: « II y a quelque chose de louche là-dessous: Deux-yeux ne touche plus à rien, alors qu'elle a toujours dévoré ce qu'on lui laissait jusqu'à maintenant. Elle doit avoir trouvé quelque chose... » Et pour mettre le doigt dessus et découvrir la vérité, Un-œil, la sœur aînée, décida de l'accompagner le lendemain, quand elle irait garder la chèvre, afin de voir si quelqu'un lui donnait à manger ou à boire.- Je vais avec toi aujourd'hui, Deux-yeux! lui dit Un-œil au moment qu'elle allait partir. Il faut que je voie si tu gardes convenablement notre chèvre et si tu la mènes vraiment aux meilleurs endroits.Deux-yeux, qui ne fut pas dupe et se douta bien de ses vraies raisons, mena la chèvre dans l'herbe haute, mais beaucoup plus loin qu'où elle allait d'habitude. Arrivée là, elle appela sa sœur et lui dit:- Viens, Un-œil, nous allons nous asseoir ensemble et je vais te chanter quelque chose.Fatiguée par cette longue promenade et par la chaleur d'un soleil dont elle n'avait pas non plus l'habitude, l'aînée somnolait à demi, tandis que Deux-yeux lui chantait sans cesse sur le même air:Un-œil, ma sœur, ne dors-tu pas?Un-œil, ma sœur, dors-tu déjà?Finalement, Un-œil ferma son oeil unique et s'endormit vraiment. Dès que Deux-yeux en fut bien sûre et la vit endormie assez profondément pour ne pouvoir pas la surprendre, elle se hâta de dire sa petite chanson:Méhéhé la Biquette,Petite table prête!Pour s'asseoir bien vite à sa petite table, manger et boire son avant que de chanter de nouveau:Méhéhé la Biquette,Petite table arrête!Après que tout eut disparu, Deux-yeux réveilla sa sœur et dit: « Un-œil, au lieu de garder, voilà que tu t'endors; et pendant ce temps, la chèvre pouvait courir n'importe où! Viens, nous allons rentrer. » Lorsqu'elles furent revenues à la maison, Deux-yeux ne toucha pas aux malheureux petits morceaux qu'on avait mis dans son écuelle, mais Un-œil fut bien incapable de dire à sa mère pourquoi elle ne mangeait pas.« Je me suis endormie là-bas! » avoua-t-elle pour s'en excuser.Le lendemain, la mère dit à Trois-yeux: « C'est toi qui iras aujourd'hui avec elle; mais fais attention et surveille-la bien, car si Deux-yeux mange là-bas, ou si quelqu'un lui apporte à manger et boire, cela doit se faire en cachette. » Alors Trois-yeux alla rejoindre Deux-yeux et lui dit qu'elle voulait venir avec elle garder la chèvre et voir si elle le faisait bien. Deux-yeux ne fut pas dupe et comprit parfaitement ce qu'elle avait dans l'idée; aussi mena-t-elle la chèvre assez loin dans les hautes herbes, puis elle invita sa sœur à s'asseoir à côté d'elle en lui proposant de chanter un peu pour la distraire. Trois-yeux s'étendit dans l'herbe, déjà fatiguée par le long chemin et un peu étourdie par la chaleur du soleil; alors Deux-yeux reprit à son intention sa petite chanson de la veille. Mais par inattention, elle commença comme la veille et chanta sans s'en apercevoirUn-œil, ma sœur, ne dors-tu pas?avant de reprendre correctement:Trois-yeux, ma sœur, dors-tu déjà?Et quand la petite berceuse accomplit son oeuvre, Trois-yeux s'endormit en effet, mais seulement avec ses deux yeux son troisième œil, lui, ne s'était pas endormi, ayant échappé au charme; et si elle le ferma, ce fut par ruse et seulement pour pouvoir guetter sous ses cils et surprendre tout ce qu'il y aurait à surprendre. Aussi lorsque Deux-yeux, la croyant profondément endormie après sa petite chanson, mangea et but son content, puis chanta l'autre petite chanson, le troisième œil de Trois-yeux vit-il tout! Deux-yeux vint alors réveiller sa sœur et lui dit, comme à l'autre: « Tu dormais, Trois-yeux. Tu ne vaux rien pour garder. Viens, nous rentrons à présent. » Et elles rentrèrent; mais quand elles furent à la maison. Deux-yeux ne toucha pas à ce qu'on avait mis dans son écuelle et Trois-yeux dit à leur mère:- Je sais à présent pourquoi cette orgueilleuse ne veut rien de ce qu'on lui donne. Une fois là-bas, elle dit à la chèvre:Méhéhé la Biquette,Petite table prête!et elle a devant elle une petite table couverte des meilleurs plats, bien meilleurs que ceux que nous mangeons, nous! Son repas terminé, elle dit encore:Méhéhé la Biquette,Petite table arrête!Et alors tout s'en va. J'ai tout vu clairement et nettement, parce qu'avec une petite chanson elle m'avait endormi deux yeux, mais le troisième était resté ouvert.C'était plus qu'il n'en fallait pour exciter la jalousie furieuse de la mère.- Mademoiselle a des prétentions, hein? s'écria-t-elle en s'en prenant à Deux-yeux. Mademoiselle veut jouir d'une meilleure existence que la nôtre, hein? Eh bien! c'est un plaisir dont tu vas te priver!Empoignant un couteau, elle courut à la chèvre et lui enfonça le couteau dans le cœur. En voyant sa chèvre morte, Deux-yeux se précipita hors de la maison et s'en alla pleurer amèrement, assise dans l'herbe du premier pré. Soudain, la fée se trouva de nouveau devant elle et lui demanda:- Pourquoi pleures-tu, Deux-yeux?- Comment pourrais-je ne pas pleurer? répondit Deux-yeux. La chèvre qui dressait si joliment la petite table pour moi quand je lui chantais votre petite chanson, hélas! elle est morte à présent et c'est ma mère qui l'a égorgée! La faim et les misères sont revenues pour moi...- Écoute-moi bien, Deux-yeux, je vais te donner le bon conseil, lui dit la bonne fée: tu demanderas à tes deux sœurs qu'elles te laissent les boyaux de ta chèvre, et tu les enfouiras sous terre devant la porte de la maison. Avec cela, ton bonheur est assuré.Ces paroles dites, la fée avait disparu, et Deux-yeux revint à la maison pour demander à ses sœurs: « Mes chères sœurs, s'il vous plaît, laissez-moi avoir quelque chose de ma pauvre chèvre: je ne demande rien de bon, seulement les boyaux! » cette modeste requête les fit éclater de rire, et elles lui répondirent: « Si c'est ton seul désir, cela peut se faire! » Deux-yeux prit les boyaux, qu'elle enterra en cachette, le soir venu, sans faire de bruit, devant la porte de la maison. Ainsi, elle avait fait comme le lui avait dit la fée.Le lendemain matin, la maisonnée se réveilla et se leva en même temps, et quand elles allèrent à la porte, quelle ne fut pas leur surprise d'y voir un arbre merveilleux qui avait poussé là: un arbre d'une splendeur et d'une magnificence sans égales dans le monde entier, car il avait un feuillage d'argent et portait des fruits d'or! Comment cet arbre avait pu venir là en une nuit? Ni la mère ni les sœurs n'en eurent la moindre idée; mais Deux-yeux, elle, le savait très bien, parce que l'arbre avait poussé à l'endroit même où elle avait enterré les boyaux de la chèvre.- Monte sur l'arbre, mon enfant, dit la mère à Un-œil, et cueille-nous quelques-uns de ces fruits merveilleux.Un-œil monta dans l'arbre, mais quand elle avança la main pour attraper un fruit d'or, la branche s'écarta brusques Elle eut beau recommencer autant de fois qu'elle voulut ce fut à chaque fois la même chose, et il lui fut impossible de toucher à un seul des beaux fruits d'or.- Vas-y, toi, Trois-yeux, commanda la mère. Tu pourras mieux te débrouiller avec tes trois yeux que ta sœur avec son œil unique.Un-œil se laissa glisser au bas de l'arbre et Trois-yeux y grimpa prestement; mais elle put bien s'y prendre comme elle voulut et regarder partout à la fois avec ses trois yeux, elle n'eut pas plus de succès que son autre sœur: les fruits d'or se tenaient toujours hors de sa portée. La mère, impatientée, y monta à son tour; mais pas plus que ses filles elle ne put attraper un seul fruit d'or, et sa main se refermait toujours sur du vent!- Si je montais, dit Deux-yeux, peut-être réussirais-je mieux...- Toi! se moquèrent les sœurs. A quoi peux-tu bien arriver avec tes deux yeux?Elle grimpa néanmoins dans l'arbre, et voici que les fruits d'or, au lieu de fuir devant ses mains, venaient d'eux-mêmes s'y placer et se laissaient cueillir l'un après l'autre. Elle en avait le tablier plein quand elle redescendit de l'arbre, et sa mère les lui prit. Jalouses toutes trois qu'elle pût cueillir les fruits précieux alors qu'elles ne l'avaient pas pu, elles ne furent que plus méchantes avec elle, au lieu de lui en être reconnaissantes, et la traitèrent d'autant plus durement.Un jour, comme elles se trouvaient ensemble au pied de l'arbre merveilleux, arriva un jeune seigneur à cheval. « Vite, Deux-yeux, cache-toi pour ne pas nous faire honte! Lui crièrent ses deux sœurs en la fourrant précipitamment sous un tonneau vide qui se trouvait là, et, avec elle, les pommes d'or qu'elle venait de cueillir. Le jeune seigneur avait belle allure, comme elles purent le voir quand il fut tout près, et il s'arrêta pour admirer ce merveilleux arbre d'argent et d'or.- A qui ce bel arbre appartient-il? demanda le jeune seigneur aux deux sœurs. Si l'on m'en donnait une branche, on pourrait me demander ce qu'on voudrait.Un-œil et Trois-yeux répondirent ensemble que l'arbre était à elles, s'élançant déjà pour en casser un rameau. Mais quelque peine qu'elles y prissent, elles n'en furent capables ni l'une ni l'autre: les branches, comme les fruits, se tenaient tout à coup à l'écart de leurs mains.- Il est vraiment étonnant que l'arbre vous appartienne, dit le jeune cavalier, si vous n'avez pas le pouvoir d'en couper un simple petit rameau!Les deux sœurs soutinrent néanmoins que l'arbre était bel et bien leur propriété; mais tandis qu'elles parlaient de la sorte, Deux-yeux poussa du pied, sous son tonneau, quelques pommes d'or et les envoya rouler jusqu'aux pieds du beau cavalier, parce que le mensonge de ses sœurs l'avait indignée. Voyant les fruits d'or devant lui, le jeune seigneur s'étonna et demanda d'où ils venaient. Alors Un-œil et Trois-yeux avouèrent qu'elles avaient une autre sœur, qui ne devait pas se montrer parce qu'elle n'avait que deux yeux comme le commun des gens. Le jeune seigneur voulut pourtant la voir, il l'exigeait, c'était son grand désir, et il l'appela lui-même en criant:- Deux-yeux! Viens! Sors de là!Le plus naturellement du monde, Deux-yeux se glissa hors du tonneau pour s'approcher, et le beau cavalier s'émerveilla de sa grande beauté.- Toi, Deux-yeux, lui dit-il, tu peux sûrement me cueillir une branche de l'arbre!- Mais oui, répondit Deux-yeux, je le peux bien, puisque cet arbre m'appartient.Grimpant à l'arbre, elle en cassa une merveilleuse branche avec ses feuilles d'argent et ses fruits d'or, qu'elle tendit au beau cavalier.- Que veux-tu que je te donne en échange, Deux-yeux? demanda le cavalier- Ah! répondit Deux-yeux, moi qui n'ai que misère, chagrin et douleur, qui ne connais que faim et soif de la pointe de l'aube jusqu'au bout du soir, si vous vouliez m'emmener avec vous, ce serait ma délivrance et j'en serais heureuse!Le jeune seigneur la prit en croupe et galopa jusqu'au château de son père, où elle eut une garde-robe magnifique et table selon son cœur. Épris d'elle comme il l'était, le beau seigneur fit bénir leur union, et leurs noces furent célébrées en grande joie.Après le départ de Deux-yeux avec le beau seigneur à cheval, les deux sœurs lui envièrent furieusement son bonheur tout en se cherchant des consolations. « Au moins, se dirent-elles il nous reste l'arbre merveilleux! Et même si nous ne pouvons pas y cueillir de fruits d'or, tout le monde sera attiré par sa splendeur et viendra à nous, s'arrêtant là pour l'admirer et nous complimenter. Qui sait jusqu'où peut aller notre chance? »C'était peut­-être ce qu'elles croyaient, mais le lendemain quand elles se levèrent, l'arbre avait disparu, emportant avec lui leurs belles espérances. Par contre, en se mettant à la fenêtre de sa jolie chambrette, Deux-yeux le vit qui était là: il l'avait donc suivie, et elle en fut heureuse infiniment.Mariée et heureuse, elle vécut de longues années de joie et de plaisir. Mais un jour, il y eut deux pauvresses qui frappèrent à la porte du château et qui mendièrent une aumône; et voilà que Deux-yeux, en les regardant de plus près, reconnut Un-œil et Trois-yeux, ses deux sœurs, devenues si misérables qu'elles allaient de porte en porte mendier leur pain. Deux-yeux les reçut avec cœur et les garda près d'elle, les traitant avec une telle générosité et une telle affection, qu'elles eurent toute deux un sincère remords et se repentirent profondément du mal qu'elles avaient pu faire à leur sœur dans sa jeunesse.Cet épisode vous est offert par Podbean.com.

Tuesday Aug 13, 2024

Au temps où l'on pratiquait encore la magie, une vieille sorcière ensorcela un prince royal et l'obligea à vivre dans un immense poêle en fonte situé en pleine forêt. Le prince y resta de nombreuses années car personne ne savait le délivrer. Un jour, une princesse s'égara dans la forêt et ne savait pas comment retourner chez elle. Elle erra pendant neuf jours entre les arbres touffus et arriva finalement au poêle en fonte. Elle entendit alors une voix lui demander:- D'où viens-tu? Où veux-tu aller?- Je me suis égarée et je ne sais pas comment rentrer chez moi.Et la voix du poêle dit:- Je t'aiderai et tu pourras vite rentrer chez toi, si tu me promets de faire ce que je te demanderai. Moi aussi je suis un prince et encore plus noble que toi, et je voudrais t'épouser.La fille royale s'affola.- Mon Dieu, que ferais-je avec un poêle en fonte? pensa-t-elle, mais souhaitant par-dessus tout rentrer vite chez elle, elle promit au poêle de faire tout ce qu'il lui demanderait.Et la voix dit:- Tu reviendras ici avec un couteau et tu creuseras un trou dans la fonte.Et un guide apparut et la reconduisit chez elle, sans prononcer un mot.Au château, tout le monde se réjouit du retour de la princesse. Le vieux roi se jeta à son cou et l'embrassa avec effusion. Sa fille fut néanmoins très troublée et elle dit d'une voix triste:- Oh, mon cher père, si tu savais ce que j'ai dû endurer! Je n'aurais jamais réussi à sortir de cette forêt profonde et épaisse si je n'étais pas arrivée à un poêle en fonte qui m'a aidée. En revanche, j'ai dû m'engager à revenir auprès de lui pour le libérer et l'épouser.Le vieux roi faillit s'évanouir. Il fut effondré d'autant plus qu'il s'agissait de sa fille unique. Finalement, ils décidèrent d'envoyer dans la forêt la fille du meunier à la place de la princesse. Ils l'accompagnèrent jusqu'à la lisière de la forêt, lui donnèrent un couteau et lui demandèrent de creuser un trou dans le poêle.Elle creusa sans relâche pendant vingt-quatre heures mais sans aucun effet. À l'aube on entendit depuis le poêle en fonte:- Il me semble que le jour s'est levé.- J'ai la même l'impression, répondit la jeune fille. Je crois entendre tourner le moulin de mon père.- Ah, tu es donc la fille du meunier! Tâche de rentrer d'où tu es venue et envoie-moi la princesse!La jeune fille partit et dit au roi que ce n'était pas elle qu'on voulait dans la forêt, que c'était la princesse qu'on y attendait.Le vieux roi eut peur et la princesse commença à pleurer. Mais il y avait encore une autre jeune fille au château, la fille du porcher, et elle était encore plus belle que la fille du meunier. Ils décidèrent donc de lui donner un peu d'argent pour qu'elle aille dans la forêt à la place de la princesse. Ils l'accompagnèrent jusqu'à la forêt puis, pendant vingt-quatre heures, elle creusa la fonte sans relâche. Mais elle ne réussit à gratter le moindre fragment.À l'aube, elle entendit la voix du poêle:- Il me semble que le jour s'est levé.Et la jeune fille répondit:- Il me semble aussi, j'ai l'impression d'entendre le cor de mon père.- Ah, tu es donc la fille du porcher! Va-t'en tout de suite et envoie-moi la princesse! Et dis-lui que si elle ne vient pas, tout se passera comme je l'ai promis. Le royaume tout entier sera détruit, et il ne restera pas une seule pierre debout.La princesse écouta les larmes aux yeux, mais il ne servait à rien de se lamenter.Elle fit donc ses adieux à son père, prit un couteau et se dirigea vers le poêle en fonte au fond de la forêt. Une fois sur place, elle se mit à gratter et la fonte semblait fondre d'elle-même sous ses mains. Et deux petites heures plus tard, elle avait déjà réussi à creuser un petit trou. Elle regarda alors dans le poêle et y vit un beau jeune homme vêtu d'un costume brillant, brodé d'or et serti de pierres précieuses. Il lui plaisait vraiment et son cœur s'enflamma pour lui. Elle continua à creuser jusqu'à ce que le trou soit suffisamment large pour que le prince puisse sortir. Il dit alors:- Tu m'appartiens et je t'appartiens. Tu es ma fiancée, car tu m'as sauvé.Et il voulut l'emmener dans son royaume sur-le-champ, mais la princesse souhaita revoir son vieux père. Le prince ne s'y opposa pas, mais lui demanda de ne pas dire plus de trois mots à son père et de le rejoindre ensuite sans tarder.La princesse rentra chez elle - mais elle prononça plus de trois mots. Et le poêle en fonte disparut, s'envola loin par-dessus les monts en verre et les épées tranchantes, mais le prince n'était plus à l'intérieur il était libéré.La princesse fit ses adieux à son père, prit un peu d'argent pour la route et alla retrouver le prince dans la forêt. Mais elle ne le trouva pas. Elle le chercha pendant neuf jours, et elle était épuisée et affamée, car elle ne savait pas comment se nourrir. À la tombée de la nuit, ayant peur des animaux sauvages, elle grimpa sur un petit arbre pour y passer la nuit. Et vers minuit, elle aperçut une faible lumière au loin.« J'y trouverai peut-être de l'aide » se dit-elle.Elle descendit de l'arbre et partit en direction de la lumière.Elle arriva à une petite chaumière, vieille et voûtée, toute recouverte d'herbes.« Ah, où suis-je arrivée, pauvre de moi? » soupira la princesse. Elle jeta un coup d'œil à l'intérieur, mais elle ne vit que des grenouilles, petites et grosses. Puis, elle aperçut aussi une belle table garnie, avec du vin et de la viande rôtie, et des assiettes et des coupes en argent. Elle prit donc son courage à deux mains et frappa à la porte. Et la grenouille Grassouillette coassa en réponse:
Dépêche-toi, grenouille verte,Tellement grosse mais si alerte,Hop et hop! Va-t'en découvrirQui, notre maison, va accueillir.
Alors, une grenouille arriva en sautant et ouvrit la porte. Et lorsque la visiteuse la franchit, toutes les grenouilles l'accueillirent très aimablement.- Que faites-vous ici? demandèrent-elles. D'où venez-vous et où allez-vous?La princesse leur raconta ce que lui était arrivé; qu'elle n'avait pas tenu sa promesse et avait prononcé plus de trois mots en parlant avec son père et que le poêle en fonte avec le prince avaient disparu. Elle leur dit aussi qu'elle était décidée à chercher le prince par monts et par vaux, jusqu'à ce qu'elle le retrouve. Et la vieille grenouille Grassouillette dit:
Dépêche-toi, grenouille verte,Tellement grosse mais si alerte,Hop et hop! Va vite chercher,La grande boîte, bien cachée.Apporte-la-moi à toute vitesse,Ne fais pas languir la princesse!
La Grenouillette s'en alla en sautillant et rapporta une grande boite. Puis les grenouilles donnèrent à la princesse à manger et à boire et la conduisirent jusqu'à un lit somptueux, qui semblait être fait de soie et de velours. La princesse se coucha, se recommanda à Dieu et s'endormit.Au matin, elle se leva de très bonne heure. La vieille grenouille lui donna trois aiguilles prises dans la grande boîte et souligna que sans elles, elle n'irait pas loin, puisqu'elle devait franchir une grande montagne en verre, trois épées tranchantes et un très grand lac. Si elle y parvenait, elle retrouverait son bien-aimé. Et elle lui recommanda de prendre bien soin des aiguilles et des deux autres objets qu'elle allait lui donner; une roue de charrue et trois noix.Et la princesse partit avec tous les objets offerts par les grenouilles. Lorsqu'elle arriva à la montagne en verre, lisse comme un miroir, elle se mit à enfoncer les aiguilles, à chaque pas, derrière elle et ensuite devant elle, avançant en procédant ainsi jusqu'à ce qu'elle fût passée de l'autre côté. Puis elle choisit un endroit pour cacher ses aiguilles et tâcha de bien se le rappeler. Peu après, elle arriva aux trois épées tranchantes et monta alors sur la roue de la charrue pour les franchir. Finalement, elle atteignit un grand lac. Elle le franchit en nageant et arriva enfin devant un château magnifique. Elle entra et demanda du travail en disant qu'elle était très pauvre et qu'elle avait besoin de travailler pour survivre. Elle savait bien, en fait, que le prince qu'elle avait libéré du poêle en fonte dans la forêt profonde vivait dans ce château. Ils l'engagèrent comme aide-cuisinière, pour un salaire insignifiant.Le jeune prince avait entre-temps choisi une autre fiancée et avait l'intention de l'épouser, parce qu'il était persuadé que la princesse qui l'avait libéré était déjà morte depuis longtemps.Le soir, la princesse lava la vaisselle et, ayant terminé son travail à la cuisine, elle plongea la main dans sa poche pour en retirer les trois noix reçues de la vieille grenouille. Elle cassa la première pour pouvoir manger le cerneau, mais qu'elle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle vit, à la place du fruit, une magnifique robe de princesse. Lorsque la fiancée du prince l'apprit, elle vint voir l'aide-cuisinière et voulut la lui acheter coûte que coûte. De toute manière, une telle robe, disait-elle, n'était pas faite pour une domestique. La servante répondit que non, qu'elle ne voulait pas la vendre, sauf si la fiancée la laissait passer une nuit dans la chambre du prince. Dans ce cas, elle pourrait l'avoir tout de suite. La fiancée accepta, car la robe était magnifique et elle n'en avait pas d'aussi belle. Le soir, elle dit à son fiancé:- Cette petite folle de la cuisine veut absolument dormir cette nuit dans ta chambre à coucher.- Si toi, cela ne te gêne pas, je n'ai rien contre, répondit-il.Mais la fiancée lui fit boire un verre de vin dans lequel elle avait mis un somnifère. L'aide-cuisinière se rendit à la chambre du prince, mais celui-ci dormait d'un sommeil si profond qu'elle ne réussit pas à le réveiller. Elle passa la nuit à pleurer et à se lamenter:- Je t'ai délivré de la forêt sauvage et du poêle en fonte. Je t'ai longtemps cherché et, pour te retrouver, j'ai escaladé une montagne en verre, franchi trois épées tranchantes et traversé un lac immense - et maintenant que je suis là, tu ne m'entends même pas!Les valets placés derrière la porte de la chambre entendirent pendant toute la nuit les pleurs et les lamentations de la jeune fille et, le lendemain, ils le dirent à leur maître.Le soir, après avoir lavé le sol de la cuisine, la princesse ouvrit la deuxième noix. La robe qui se trouvait à l'intérieur était encore plus belle que la précédente. Dès que la fiancée du prince la vit, elle voulut l'acheter à tout prix. Mais l'aide-cuisinière refusa l'argent et demanda à nouveau de pouvoir passer la nuit dans la chambre du prince. Or, la fiancée versa à nouveau un somnifère dans le verre de son futur époux et le prince dormit et ne put donc rien entendre. La jeune fille pleura toute la nuit en se lamentant:- Je t'ai délivré de la forêt sauvage et du poêle en fonte. Je t'ai cherché et pour te retrouver j'ai escaladé une montagne en verre, franchi trois épées tranchantes et traversé à la nage un lac immense - et maintenant que je suis là, tu ne le sais même pas!Le lendemain, les laquais qui, derrière la porte, entendirent à nouveau les pleurs de la jeune fille, allèrent raconter tout à leur maître.Lorsque, le troisième soir, la princesse, après avoir lavé la vaisselle, cassa la dernière noix, une robe en or pur et encore plus ravissante que les précédentes, brillait à l'intérieur. Dès qu'elle la vit, la fiancée voulut l'acquérir à tout prix. Mais la jeune fille refusa à nouveau et demanda pour la troisième fois de pouvoir passer la nuit dans la chambre à coucher du prince. Cette fois-ci le prince fit attention et déversa en cachette la boisson avec le somnifère. Et lorsque la princesse en larmes se mit à appeler: « Mon bien-aimé, je t'ai sauvé de la forêt profonde et du poêle en fonte ... » Le prince sauta de son lit et s'écria:- C'est toi ma vraie fiancée, tu m'appartiens et je t'appartiens.Et alors, la nuit même, ils partirent dans un carrosse. Lorsqu'ils arrivèrent au lac immense, ils le traversèrent en barque, puis ils franchirent les épées tranchantes en montant sur la roue de la charrue et pour passer de l'autre côté de la montagne en verre ils s'aidèrent des trois aiguilles bien cachées.Finalement, ils arrivèrent à la vieille petite chaumière et lorsqu'ils pénétrèrent à l'intérieur, elle se transforma en un château somptueux. Les grenouilles se transformèrent en princes et en princesses et tous ensemble ils se réjouirent lorsque le prince épousa la princesse. Ils s'installèrent au château, qui était bien plus grand que celui où était née la princesse, et comme le vieux roi s'ennuyait seul, ils partirent le chercher et l'emmenèrent avec eux. Ainsi les deux jeunes époux régnèrent ensemble sur les deux royaumes et vécurent heureux jusqu'à la fin de leurs jours.Cet épisode vous est offert par Podbean.com.

Tuesday Aug 13, 2024

Il était une fois un mari et une femme qui n'avaient jamais eu d'enfant, du temps qu'ils étaient riches, mais qui eurent un petit garçon quand ils furent tombés dans la pauvreté. Comme ils ne parvenaient pas à trouver de parrain dans leur village, à cause de leur grande pauvreté, le mari déclara qu'il irait ailleurs en chercher un. Il se mit en chemin et rencontra un pauvre, qui lui demanda où il allait.- Je m'en vais essayer de trouver un parrain pour baptiser mon fils, parce que je suis si pauvre que personne ne veut accepter parmi les gens que je connais!- Pauvre vous êtes et pauvre je suis, dit l'homme. Je veux bien être le parrain. Mais je suis trop pauvre pour donner le moindre cadeau à l'enfant. Rentrez donc et dites à la sage-femme qu'elle porte l'enfant à l'église.Lorsqu'ils arrivèrent à l'église pour le baptême, le mendiant s'y trouvait déjà, à les attendre, et il donna à l'enfant le nom de Fernand-Loyal. Après la cérémonie, au sortir de l'église, le mendiant leur dit:- Rentrez chez vous maintenant. Comme je ne peux rien vous donner, vous ne devez rien me donner non plus.Mais la sage-femme s'approcha de lui et lui remit une clef, en lui disant de la remettre au père, une fois à la maison, pour qu'il la garde jusqu'au moment que son fils serait âgé de quatorze ans. Alors, l'enfant devrait aller sur la lande, où il y aurait un château dont la clef ouvrirait la porte: tout ce qu'il y aurait à l'intérieur du château serait à lui. Ce fut ainsi pour le baptême de l'enfant.Le garçonnet avait grandi et atteint ses sept ans, quand un jour, s'amusant avec d'autres enfants, il les entendit se vanter des cadeaux, tous plus beaux les uns que les autres, qu'ils avaient reçus de leurs parrains. Mais lui, qui n'avait rien eu, fondit en larmes et revint à la maison, où il dit à son père:- Est-ce que je n'ai vraiment rien reçu de mon parrain, moi?- Mais si, lui répondit son père, il t'a donné une clef; et quand il y aura un château sur la lande, tu pourras y entrer avec ta clef.L'enfant y courut, mais la lande n'était que la lande et il n'y vit pas l'ombre du moindre semblant de château. Mais quand il y retourna sept ans plus tard, âgé alors de quatorze ans, il y vit bel et bien un château. Sa clef lui en ouvrit la porte et il le visita sans y rien trouver, sauf un cheval, un jeune cheval blanc. Fou de joie de posséder un cheval, le jeune garçon le monta et galopa chez son père.- A présent que j'ai un cheval blanc, lui dit-il, je veux aussi voyager!Rien ne put le retenir, et il partit. En cours de route, il vit, par terre, une plume d'oie taillée pour écrire; et sa première idée fut de la ramasser. Mais il se dit: « Bah! tu peux bien la laisser où elle est! Où que tu ailles, tu trouveras toujours une plume pour écrire, si tu en demandes une » Comme il s'éloignait, voilà qu'une voix lui crie de derrière: « Fernand-Loyal, emmène-moi avec toi » Il se retourne et ne voit personne; alors il revient sur ses pas et descend ramasser la plume. Un peu plus loin, il lui fallait passer à gué une rivière, et comme il arrivait au bord, il y avait là un petit poisson sur le sec, qui ouvrait une large bouche en suffoquant. « Attends, mon petit poisson, je vais te remettre à l'eau! » lui dit-il. Il saute à terre, prend le petit poisson par la queue, et hop! il le rejette à l'eau. Le poisson sort sa petite tête hors de l'eau, pour lui dire:- Tu m'as secouru dans le besoin, alors moi je vais te donner un pipeau; et si jamais tu es dans le besoin, tu n'auras qu'à souffler dedans et je viendrai à ton secours; et si jamais il t'arrivait de perdre quelque chose dans l'eau, souffle dans ton pipeau et je te rendrai ce que tu auras perdu.Sa petite flûte en poche, il chevauche plus loin et vit venir à sa rencontre un jeune gaillard qui engagea la conversation et qui l'interrogea sur sa destination.- Oh! je ne vais qu'au prochain bourg!L'autre lui demanda alors comment il s'appelait.- Fernand-Loyal, répondit-il.- Tiens, fit l'autre, mais alors nous avons presque le même nom: je me nomme Fernand-Déloyal.Et ils descendirent tous deux ensemble dans la prochaine auberge. Le grave, c'était que ce Fernand-Déloyal savait tout ce que l'autre Fernand pensait et voulait faire, et cela parce qu'il pratiquait diverses sortes de sorcelleries et autres maléfices. Or, dans cette auberge, il y avait une jeune servante très jolie, pure de traits et gracieuse de corps, qui s'était éprise de Fernand-Loyal: elle l'avait aimé tout de suite, parce qu'il était fort joli garçon, lui aussi. Elle s'inquiéta donc de savoir où il comptait aller, et il lui répondit qu'il voulait seulement voir un peu de pays, sans avoir de but bien précis. Pourquoi ne resterait-il pas un peu sur place? lui demanda-t-elle. Il y aurait sûrement pour lui un emploi à la cour du roi, qui serait content de l'avoir comme serviteur ou comme piqueur. Il devrait bien essayer de se faire engager. Sa réponse fut qu'il ne pouvait guère aller lui-même se présenter pour offrir ses services.- Oh! mais cela, je peux bien le faire! s'exclama la jeune fille, qui se rendit immédiatement chez le roi pour lui dire qu'elle connaissait quelqu'un de très bien, un garçon charmant qu'il pourrait prendre à son service.Le roi s'en montra content et le fit venir, lui disant qu'il le prendrait comme valet; mais Fernand-Loyal préférait être piqueur pour ne pas quitter son cheval, et le roi l'engagea comme piqueur.Lorsqu'il apprit la chose, Fernand-Déloyal se plaignit à la servante:- Alors, tu t'occupes de lui et tu ne fais rien pour moi?- Oh! répondit-elle bien vite, je ferai volontiers la même chose pour vous!Mais c'était uniquement pour ne pas l'indisposer contre elle, car elle pensait: « Celui-là, il vaut mieux se le concilier et l'avoir comme ami, parce qu'on ne sait jamais; il ne m'inspire pas confiance! » Elle retourna donc le recommander au roi comme serviteur, et le roi l'engagea comme valet.Chaque matin, quand le valet venait habiller maître, Sa Majesté recommençait les mêmes doléances: «Ah! si je pouvais enfin avoir ma bien-aimée avec moi! Que n'est-elle ici, celle que j'aime! » Et comme Fernand-Déloyal ne voulait que du mal à l'autre Fernand, un beau matin, après avoir de nouveau entendu les plaintes du roi, il en profita pour lui dire: « Mais vous avez un piqueur, Majesté! Vous n'avez qu'à l'envoyer pour la chercher; et s'il ne vous la ramène pas, que sa tête roule à ses pieds! » Le roi trouva le conseil judicieux, fit appeler Fernand-Loyal et lui apprit qu'il y avait, à tel et tel endroit du monde, une princesse qu'il aimait. « Tu iras l'enlever, sinon tu mourras! » lui ordonna-t-il.Fernand-Loyal gagna l'écurie où était son cheval, et il pleurait et se lamentait:- Pauvre de moi! Malheureux que je suis! Quel destin!- Fernand-Loyal, qu'as-tu à pleurer? fit une voix derrière lui.Il se retourne, ne voit personne et se désole plus que jamais:- Oh! mon cher cheval blanc, quel malheur! Il faut que nous nous séparions maintenant, parce que je vais mourir! Adieu...- Fernand-Loyal, pourquoi pleures-tu? demande à nouveau la voix.Et c'est alors seulement qu'il se rend compte que c'est son cheval blanc, et nul autre que lui, qui lui pose la question.- Comment? C'est toi qui disais cela, mon cher petit cheval? Tu sais parler? s'exclama-t-il d'abord.Puis il ajouta:- Il faut que j'aille là et là, que j'enlève et ramène la fiancée. Mais comment veux-tu que je fasse cela?- Retourne trouver le roi, répondit le cheval blanc, et dis-lui que s'il veut te donner ce que tu attends de lui, tu lui ramèneras sa bien-aimée. Mais il te faut un navire entièrement chargé de viande, et un autre navire entièrement chargé de pain pour y parvenir; car tu auras affaire à de terribles géants sur la mer, et si tu n'as pas de viande à leur donner, c'est toi qu'ils dévoreront; et il y aura aussi de féroces animaux pour t'arracher les yeux à coups de bec, si tu n'as pas de pain à leur donner.
Le roi mit tous les bouchers du royaume à l'abattage de la viande et tous les boulangers du royaume à la cuisson du pain jusqu'au chargement complet de chaque navire. Quand ils furent prêts, le cheval blanc dit à Fernand-Loyal:- Maintenant, monte en selle et conduis-moi sur le bateau. Lorsque arriveront les géants, tu diras:
Mes chers gentils géants, tout doux, tout doux!J'ai bien pensé à vousEt j'ai à bord quelque chose pour vous.
Lorsque ensuite viendront les oiseaux, de nouveau tu diras:
Mes chers petits oiseaux, tout doux, tout doux!J'ai bien pensé à vousEt j'ai à bord quelque chose pour vous.
>Alors ils ne te feront pas de mal, et même les géants t'aideront lorsque tu parviendras au château. Et quand tu y entreras, tu te feras accompagner par quelques géants, car la princesse y sera couchée et dormira; toi, tu ne dois pas la réveiller, mais les géants l'emporteront dans son lit pour revenir la déposer sur le bateau.
(Tout se passa exactement comme l'avait dit le cheval blanc: Fernand donna aux géants et aux oiseaux ce qu'il avait pour eux, et les géants amadoués lui prêtèrent main-forte, portèrent la princesse endormie de son château sur le bateau, et de là jusque devant le roi.) Mais quand elle se trouva en présence du roi, elle déclara ne pouvoir vivre chez lui, parce qu'elle avait besoin de ses écrits, restés là-bas dans son château. Sur l'instigation de Fernand-Déloyal, Fernand-Loyal dut revenir devant le roi, qui lui signifia de partir à nouveau à la recherche de ces papiers, sous peine de mort.Désespéré, il s'en revint à l'écurie auprès du cheval blanc: « 0 mon cher petit cheval, voilà qu'il me faut refaire le voyage à présent! Comment vais-je y parvenir? » Le cheval blanc lui dit qu'on devait de nouveau lui faire le chargement des navires, et tout alla aussi bien que la première fois, quand les géants et les oiseaux furent gavés. En approchant du château, le cheval blanc lui dit qu'il devait entrer et qu'il trouverait les écrits sur la table, dans la chambre à coucher de la princesse. Il y alla, les trouva sans difficulté et les emporta. Mais quand ils furent repartis au large, Fernand-Loyal laissa échapper sa plume qui tomba à l'eau, et son cheval dut lui avouer qu'il ne pouvait rien pour lui en pareille occurrence. Fernand-Loyal tira son pipeau et se mit à en jouer; alors le poisson arriva, tenant dans sa gueule la plume d'oie, qu'il lui restitua. Il put alors rapporter les écrits au château, où le mariage avait été célébré durant son voyage.La reine, qui n'aimait pas du tout le roi parce qu'il n'avait pas de nez, eût bien aimé, par contre, avoir Fernand-Loyal comme époux; et un jour, devant tous les seigneurs de la cour, elle annonça qu'elle connaissait des tours de magie et qu'elle pouvait, par exemple, décapiter quelqu'un et lui remettre sa tête en place, comme si de rien n'était. Quelqu'un voulait-il essayer? Il lui fallait un volontaire. Mais il n'y eut personne qui voulût être le premier; une fois de plus, sur la suggestion de Fernand-Déloyal, ce fut Fernand-Loyal qui fut désigné et qui dut se soumettre. La reine lui coupa la tête, la replaça sur son cou, où elle fut instantanément ressoudée et guérie, avec seulement une petite marque comme un fil rouge sur la peau du cou.- Comment, tu as appris ces choses, mon enfant? s'étonna le roi.- Mais oui, dit la reine, je connais les secrets de cet art. Veux-tu que je le fasse avec toi?- Bien sûr! dit le roi.Alors, elle le décapita; mais quand la tête fut tombée, elle ne la lui remit pas en place et feignit de ne pas pouvoir y parvenir, comme si c'était la tête qui ne voulait pas se rattacher et se tenir à sa place. Et quand le roi eut été mis au tombeau, elle épousa Fernand-Loyal.Devenu roi, Fernand-Loyal ne voulait pas d'autre monture que son cher cheval blanc, et un jour qu'il le chevauchait dans la campagne, le cheval lui dit d'aller dans un certain pré, qu'il lui indiqua, et d'en faire trois fois le tour au triple galop. Lorsqu'ils l'eurent fait, le cheval blanc se mit debout sur ses pattes de derrière et cessa d'être un cheval pour devenir un fils de roi.Cet épisode vous est offert par Podbean.com.

Le diable et sa grand-mère

Tuesday Aug 13, 2024

Tuesday Aug 13, 2024

Il y avait une fois une grande guerre, un roi qui avait beaucoup de soldats et des soldats qui recevaient des soldes dérisoires, dont ils ne pouvaient pas vivre. Trois d'entre eux se mirent d'accord et décidèrent de déserter.- Si on nous attrape, on nous pendra. Qu'allons-nous faire? dit le premier.Et le deuxième:- Vous voyez ce grand champ de blé. Si nous nous y cachons, personne ne nous y trouvera. L'armée n'a pas le droit d'y pénétrer et, demain, elle change de quartier.Ils se faufilèrent dans le champ, mais l'armée ne partit pas et garda ses positions tout autour. Ils restèrent deux jours et deux nuits dans le blé. Leur faim devint telle qu'ils n'étaient pas loin de mourir. Alors ils dirent:- À quoi nous a-t-il servi d'avoir déserté? Nous allons périr tristement.À ce moment-là, un dragon de feu passa dans le ciel. Il descendit vers eux et leur demanda pourquoi ils se cachaient là. Ils répondirent:- Nous sommes trois soldats; nous avons déserté parce que notre solde était trop basse. Mais nous allons mourir de faim si nous restons ici, ou nous pendouillerons au gibet si nous en sortons.- Si vous acceptez de me servir pendant sept ans, dit le dragon, je vous conduirai par-dessus le gros de l'armée sans que personne puisse mettre la main sur vous.- Nous n'avons pas le choix et il nous faut bien accepter, répondirent-ils.Le dragon les saisit entre ses griffes, les conduisit par-delà l'armée et, loin d'elle, les posa de nouveau sur le sol. Or, le dragon n'était autre que le Diable. Il leur donna une petite cravache et dit:- Frappez-vous avec elle; il sortira de votre corps autant d'argent que vous en voudrez. Vous pourrez vivre en grands seigneurs, monter chevaux et rouler carrosse. Mais au bout de sept années, vous serez à moi.Il leur présenta un livre sur lequel ils durent inscrire leurs noms.- Avant de vous emporter, ajouta-t-il, je vous proposerai une énigme. Si vous la résolvez, vous serez libres et je ne vous tiendrai plus en ma puissance.Le dragon s'envola. Les trois soldats se mirent à jouer de la cravache. Ils eurent de l'argent en abondance, se firent confectionner des habits de seigneurs, et voyagèrent de par le monde. Où qu'ils fussent, ils vivaient dans la joie et la félicité, roulaient carrosse et montaient chevaux, mangeaient, buvaient, mais ne commettaient pas de mauvaises actions. Le temps passa vite et quand les sept années touchèrent à leur fin, deux d'entre eux sentirent leur cœur se serrer et une grande peur les saisir. Le troisième, cependant, prenait la chose du bon côté. Il dit:- Frères, ne craignez point! je ne suis pas tombé de la dernière pluie; je résoudrai l'énigme.Ils s'en allèrent dans les champs, s'y assirent sur leur séant et les deux premiers faisaient triste figure.Arriva une vieille femme. Elle leur demanda pourquoi ils étaient si tristes.- Eh! qu'est-ce que cela peut bien vous faire? De toute façon, vous ne pouvez rien pour nous!- Qui sait! répondit-elle, confiez-vous à moi; dites-moi vos tourments!Ils lui racontèrent qu'ils avaient été les serviteurs du Diable pendant sept ans. Il leur avait procuré de l'argent à foison; mais Ils lui avaient donné leurs signatures et ils seraient à lui si, le temps écoulé, ils ne parvenaient pas à résoudre une énigme.La vieille dit:- Si vous voulez vous en tirer, il faut que l'un de vous aille dans la forêt. Il arrivera à une falaise éboulée qui ressemble à une maison. Il faudra qu'il y pénètre et il y trouvera de l'aide.Les deux soldats tristes se dirent: « Cela ne servira à rien. » Et ils restèrent là. Le troisième, en revanche, celui qui était tout joyeux, se leva et s'avança dans la forêt jusqu'à ce qu'il trouvât la falaise. Dans la fausse maison, se tenait une femme vieille comme les pierres. C'était la grand-mère du Diable. Elle lui demanda d'où il venait et ce qu'il voulait. Il lui raconta tout ce qui s'était passé et, comme il lui plaisait, elle le prit en pitié et lui promit de l'aider. Elle souleva une pierre qui cachait l'entrée d'une cave et dit:- Cache-toi ici. Tu entendras tout ce qui se dira. Reste bien tranquille et ne t'énerve pas. Quand le dragon viendra, je lui demanderai de quelle énigme il s'agit. Il me dit tout. Toi, fais attention à ce qu'il me répondra.À minuit, le dragon arriva et réclama son repas. La grand-mère mit la table et y apporta mets et boissons pour qu'il soit content. Et ils mangèrent et burent de concert.Tout en conversant, elle lui demanda comment s'était passée la journée et de combien d'âmes il s'était emparé.- Je n'ai pas eu de chance aujourd'hui, répondit-il. Mais j'ai attrapé trois soldats; ceux-là, je les aurai sûrement.- Eh! trois soldats, rétorqua la vieille, ce sont des gaillards! ils peuvent encore t'échapper.Le Diable dit d'un ton mielleux:- Ils sont à moi! je vais leur soumettre une énigme qu'ils seront incapables de résoudre.- Quel genre d'énigme? demanda la grand-mère.- Je vais te la dire: dans la grande mer du Nord, il y a un chat marin, mort; ce sera le rôti que je leur offrirai. Une côte de baleine leur servira de cuillère et un vieux sabot de cheval creusé leur tiendra lieu de verre à vin. Quand le Diable s'en fut allé au lit, la grand-mère souleva la pierre et fit sortir le soldat.- As-tu bien fait attention à tout?- Oui, dit-il; j'en sais assez et je me tirerai d'affaire.Sans bruit, il se glissa par la fenêtre et en toute hâte il rejoignit ses compagnons. Il leur conta comment la grand-mère avait éventé le piège du Diable et comment il avait appris la solution de l'énigme. Ils se sentirent tout joyeux et de bonne humeur, prirent la cravache et fabriquèrent tant d'argent qu'il en roulait de tous les côtés.Quand les sept années furent complètement écoulées, le Diable arriva avec le livre, leur montra les signatures et dit:- Je vais vous emmener en enfer; on vous y servira un repas. Si vous devinez la nature du rôti qui vous sera offert, vous serez libres, et vous pourrez garder la cravache.Alors le premier soldat commença:- Dans la grande mer du Nord, il y a un chat marin, mort. Ce sera certainement notre rôti.Le Diable se mit en colère, dit « hum! hum! hum! » et demanda au deuxième:- Mais qu'est-ce qui vous servira de cuillère?- Une côte de baleine sera notre cuillère.Le Diable fit grise mine, grogna de nouveau par trois fois - « hum! hum! hum! » et dit au troisième:- Savez-vous aussi ce qui vous servira de verre à vin?- Un vieux sabot de cheval sera notre verre à vin.Alors le Diable s'envola en poussant un grand cri. Il n'avait plus aucun pouvoir sur eux. Quant aux trois soldats, ils conservèrent la cravache, battirent monnaie autant qu'il leur plaisait et vécurent heureux jusqu'à leur mort.Cet épisode vous est offert par Podbean.com.

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